La désignation de Ericq Pierre comme Premier ministre, dans le contexte des retombées des événements du 9 et 10 avril dernier, relance le débat une fois de plus sur le néolibéralisme, la globalisation, le protectionnisme et le nationalisme. Au milieu de cette atmosphère chargée, l’importance d’une lecture perspicace des situations nationale, régionale et mondiale a travers des indicateurs clés, est plus que nécessaire. Or, les tendances actuelles révèlent que l’économie mondiale entre dans une période critique au sein de laquelle, les gouvernements jouent un rôle de plus en plus sensible dans la vie des citoyens et des affaires. L’époque du monde plat parait révolue.
Les enjeux d’autosuffisance alimentaire, d’éducation et de formation adaptée sont a l’ordre du jour. Dans cette veine, les pays riches se voient obligés de reconsidérer leur subvention en matière agricole alors que simultanément, les pays pauvres responsables sont en train de réajuster leur tarif quant aux biens industriels importés.
Le leadership des pays comme le Brésil, l’Inde, la Chine entre autres a persuadé les pays riches et par interposition les institutions internationales de revoir leurs approches dans les rapports avec les pays en développement d’une part et les nations pauvres de l’autre. A cet effet, aujourd’hui, selon les règles d’échange, les pays émergents et démunis ont le droit de dire non aux prescriptions suicidaires et opposer leur veto à toutes recommandations jugées inadaptées en cas d’urgence. Il appartient donc aux Etats de gérer leurs ressources et prendre en main leurs destinées. C’est notre cas aujourd’hui. Il incombe a toutes et a tous d’y contribuer.
Certes, à côté de la promotion de l’équité sociale, la réduction de la pauvreté, le renforcement des institutions démocratiques, la fortification de la société civile, la protection de l’environnement, l’intégration régionale, la cohésion socio-économique et la stabilité politique; la modernisation institutionnelle n’est que l’un des paramètres, à partir desquels le nouveau gouvernement sera jugé.
Toutefois, la modernisation institutionnelle demeure l’une des toutes premières grandeur mesurables, permettant d’apprécier les caractéristiques principales de l’équipe gouvernementale, puisqu’elle constitue un préalable essentiel à toute reforme de l’Etat. Contrairement à certaines traditions archaïques, ce sont les institutions qui gouvernent le comportement des individus et des collectivités. De la famille à l’église en passant par l’Etat, les institutions incarnent les règles du jeu. De ces préceptes dépendent les motivations comportementales, les performances et les espoirs, à travers une balance entre les droits et les obligations.
Ces principes du jeu institutionnel influencent à la fois le développement économique et le maintien de la croissance.
Haïti est aujourd’hui victime du népotisme, du paternalisme et de la corruption à un niveau d’alerte élevé. Par conséquent, il est d’une suite logique que des mesures soient prises en vue d’affronter les causes racines qui conduisent à l’improductivité et la stérilité des institutions publiques. Fort de cette réalité, il est donc urgent de moderniser les institutions dans le but d’éliminer les informalités qui empêchent la performance de l’Etat. Ceci exige donc une organisation, c'est-à-dire une structure qui responsabilise les acteurs à partir des règles.
L’équipe que dirigera le nouveau Premier ministre sera au sommet des affaires de l’Etat pour le bien être commun. Cette mission demande l’accomplissement d’objectifs précis. Elle oblige une adaptation des tactiques et organisations selon les normes et régulations externes en fonction des contraintes internes. Or, il n’est pas toujours facile de rendre compatible ces deux entités. A cause de cela, la stratégie doit tenir compte de l’organisation de lEtat (budget, structure, les contextes nationaux, l’approche, les motivations, les mécanismes d’exécutions), au delà des considérations partisanes et intéressées.
Prof Mozart DeRoneth
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