samedi 24 octobre 2009

Haïti éradiquera les maladies tropicales négligées grâce aux programmes d’alimentation en eau et d’assainissement financés par la BID et l’Espagne

Haïti éradiquera les maladies tropicales négligées grâce aux programmes d’alimentation en eau et d’assainissement financés par la BID et l’Espagne

Source: Inter-American Development Bank (IDB)

Date: 23 Oct 2009


Les dons accordés financeront des campagnes de lutte contre les maladies causées par les vers intestinaux, à travers l'intégration de l'éducation à l'hygiène et de la prévention des maladies dans les programmes d'amélioration des infrastructures

Les autorités haïtiennes utiliseront les dons accordés la semaine dernière par l'Espagne et la Banque interaméricaine de développement en lançant une initiative intégrée de lutte contre une importante source de maladies.

Une partie des dons servira à financer une campagne d'éradication des vers intestinaux liés à la mauvaise qualité de l'eau et des services d'assainissement. La campagne mettra un accent particulier sur la prévention et le traitement des enfants âgés de 1 à 15 ans et des femmes en âge de procréer.

En Haïti, les vers intestinaux tels que les ascaris, les trichuri et les ankylostomes sont de grands vecteurs de maladies qui causent anémie, retard de croissance et malnutrition, et affectent le développement physique et cognitif. L'un des meilleurs moyens de lutte contre ces maladies incapacitantes est une approche intégrée associant la prévention et le traitement des populations à risque aux investissements dans les infrastructures d'alimentation en eau et d'assainissement.

La campagne aura pour objectifs d'améliorer la santé et de réduire la mortalité maternelle et infantile en encourageant l'adoption durable de comportements hygiéniques comme le lavage des mains avec de l'eau propre et du savon, le dépôt des matières fécales dans des latrines à fosse, ainsi que le traitement de l'eau destinée à la boisson et sa conservation dans des récipients propres. Ces activités seront financées à hauteur de $900 000, prélevés sur le don de $39 millions approuvé conjointement par le Gouvernement espagnol et la BID pour l'expansion et la remise en état des services d'alimentation en eau et d'assainissement en Haïti. (Voir le lien à droite pour plus d'informations).

Les infections causées par les vers intestinaux font partie des maladies tropicales négligées : 13 infections parasitaires et bactériennes font particulièrement des ravages parmi les populations les plus pauvres de la planète. Facilement transmissibles, notamment par la piqûre d'un moustique ou le contact avec de l'eau contaminée, les maladies tropicales négligées entraînent la cécité, handicapent, défigurent et constituent une cause de stigmatisation des personnes défavorisées qui n'ont pas accès à l'eau potable et aux services de santé.

Le projet d'Haïti s'inscrit dans le cadre d'un partenariat entre la BID et le Réseau mondial de lutte contre les maladies tropicales négligées, une initiative du Sabin Vaccine Institute et de l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS). Grâce au soutien financier de la Fondation Bill & Melinda Gates, ce partenariat a entrepris le développement d'une approche collaborative et globale de lutte contre les maladies tropicales négligées dans les Amériques.

jeudi 15 octobre 2009

Une personne sur six souffre de la faim


L'humanité vient de battre un bien triste record. Jamais autant d'êtres humains n'ont souffert de la faim dans le monde. Selon un nouveau rapport des Nations unies publié hier, un peu plus d'un milliard de personnes sont sous-alimentées.

Parmi elles, seulement 15 millions se trouvent dans les pays industrialisés de l'Occident qui se débattent depuis plus d'un an avec la crise économique. La quasi-totalité des 1,02 milliard d'affamés du monde, soit 99,75%, vit dans les pays en voie de développement, estime le rapport L'état de l'insécurité alimentaire, rendu public hier à Rome par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM).

«La situation de la faim dans le monde était déjà grave quand les prix de la nourriture étaient raisonnables et que le monde vivait une période de prospérité économique. Mais la crise alimentaire mondiale (2006-2008), suivie de la crise économique, a créé une situation catastrophique», a dit hier à La Presse Dan Gustafson, directeur du bureau de la FAO à Washington.

Des millions de familles qui avaient déployé d'immenses efforts pour survivre à la crise alimentaire et à l'explosion des prix des denrées n'ont pu résister au choc de la crise économique. En 2008 seulement, 100 millions de personnes se sont ajoutées aux victimes de sous-alimentation, ont constaté la FAO et le PAM.

Un des impacts les plus dévastateurs de la crise économique a été de mettre un frein à l'aide internationale. «Des pays comme la Somalie, qui ont fait appel à la communauté internationale pour surmonter la crise, n'ont réussi à obtenir que la moitié de ce qu'ils demandaient», note M. Gustafson.

Le Programme alimentaire mondial, qui avait amassé des sommes records lors de la crise alimentaire, a vu son budget passer de 6 à 3 milliards de dollars entre 2007 et 2008.

Autre impact de la crise économique sur la faim : touchés par le ralentissement économique et les pertes d'emplois, les expatriés - habituellement source de sécurité financière pour des millions de familles dans les pays en voie de développement - ont dû réduire les sommes qu'ils expédiaient dans leur pays d'origine. Ces travailleurs immigrés y envoient de deux à trois fois plus d'argent, au total, que n'en versent les pays occidentaux par le truchement de l'aide internationale.

Afrique fragile

En chiffres absolus, la région de l'Asie et du Pacifique est la plus durement touchée par l'insécurité alimentaire. Près de 642 millions de personnes n'y mangent pas tous les jours à leur faim. En Afrique subsaharienne, ils sont 265 millions dans la même situation. Dans le croissant qui s'étend de l'Afrique du Nord au Proche-Orient, 42 millions de personnes sont sous-alimentées. En Amérique latine et dans les Caraïbes, 53 millions de personnes vont au lit le ventre creux.

«C'est cependant en Afrique subsaharienne que la situation est la plus inquiétante, à cause de la proportion de la population qui est sous-alimentée et de la gravité de cette sous-alimentation», dit M. Gustafson. Plusieurs organismes humanitaires craignent d'ailleurs de voir l'Afrique de l'Est sombrer dans la famine. De plus, 20 des 30 pays considérés comme les plus vulnérables par la FAO et le PAM se trouvent en Afrique.

Solutions à l'horizon?

Les deux instances onusiennes ont publié leur rapport à l'approche de la Journée mondiale de l'alimentation, vendredi, et du Sommet mondial sur la sécurité alimentaire, à la mi-novembre. Déjà, la FAO estime que les pays pauvres auront besoin annuellement d'investissements de 29,5 milliards de dollars dans le secteur de la production alimentaire afin de nourrir la population mondiale, qui devrait passer de 6,8 milliards à 9,1 milliards d'ici à 2050. Ces investissements sont actuellement de 7,9 milliards annuellement.

Laura-Julie Perreault

mercredi 14 octobre 2009

1001 raisons et 1001 façons de se révolter. Impressions suite au Forum Soci al Québécois...


4 jours intenses viennent de s’écouler, sans me laisser le temps et le
loisir de partager à chaud mes impressions sur cette seconde édition du
Forum Social Québécois. C’est donc tout juste au sortir de l’événement que
je vous livre ici en vrac quelques impressions.

Richesse, d’abord, d’une quantité d’ateliers incroyables aussi bien en
termes de diversité, que de qualité.
C’est plus de 300 événements qui se sont effectivement tenus, rassemblant
plus de 4000 participants, avec en général une très bonne qualité
d’interventions, et une participation par atelier ou conférence
généralement limitée qui permettait souvent des débats et des échanges
d’une grande richesse.

Richesse, que j’essaye de vous faire sentir dans les petites chroniques
ci-dessous, de ces quelques journées qui viennent de s’écouler, et qui
m’ont fait voyager un peu partout, du grand nord canadien, aux rives des
grands lacs du Congo, en passant par Gaza, Bamako, le Guatemala, l’Irak,
la Tunisie, les USA, et les quartiers Nord de Montréal…

Richesse des rencontres humaines enfin, impossible à décrire ici dans leur
diversité, leurs espoirs et leurs forces… Pour cela, il faut être présent,
et cela ne tient qu’à vous de rentrer dans la danse… C’est surtout pour ça
qu’on est là, et c’est irremplaçable !

Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, quelques mots sur
l’organisation en général. Le travail a été bien fait dans de nombreux
domaines : informations, mobilisation, logistique, même si certains
aspects auraient sans doute pu être améliorés, parmi lesquels je relève :

- les « lieux du forum » : éclatés entre les nombreux bâtiments de
l’Université du Québec à Montréal (UQAM), les 8 étages et les couloirs
tortueux du Cégep du Vieux Montréal (un lycée), et d’autres lieux encore,
difficile de sentir l’unité au sein des participants. Même la « foire » où
l’on rencontre les nombreux stands militants ou commerce équitable, semble
avoir été cachée au public. Il faut pousser au fin fond d’un couloir pour
trouver la salle internet. La marche finale, et le concert sur une place
publique furent les seules activités ouvertes sur la ville, l’ensemble
ayant participé à la création d’un sentiment d’isolement, voir de ghetto
militant…

- la « convergence » : élément essentiel des forums sociaux, cette
préoccupation n’a semble-t-il pas été suffisamment intégrée par les
organisateurs : le programme aurait pu être réduit à 200 événements,
rendant plus naturelle la convergence. L’éclatement en 8 ou 9 axes
thématiques pour les soirées prévues en fin de journée les samedi et
dimanche soir ont donné lieu à un bide presque total. Fatigués, ou pris
dans d’autres activités, ces espaces furent ignorés, ou boudés du public.
Le seul vrai moment de convergence fut la séance finale du lundi matin,
dit « espace des revendications et des appels à l’action collective ».

Je vais maintenant essayer de me souvenir, et de parcourir brièvement les
activités phares auxquelles j’ai eu le loisir de participer :

Jeudi. Le forum a commencé par sa soirée d’ouverture, jeudi soir, à la fin
du Conseil International, et j’étais déjà sur les rotules. Jean-François
Lessard, un chanteur enragé au talent immense, m’a réveillé le temps de sa
prestation. Celui qui a fini de me mettre en rage, c’est Taoufik,
coordinateur du secrétariat du Forum Social Africain qui monte sur scène
annoncer la tenue du Forum Social Mondial à Dakar 2011. Si peu ici savent
la réalité du mouvement social africain, qu’il peut se permettre son
baratin. C’est donc sans attendre la fin que je suis rentré dormir, et
préparer le marathon qui s’annonçait les jours suivants.

Vendredi. Après un sommeil réparateur, j’anticipe le début du forum en
allant visiter en compagnie d’Alain Deneault le local de leur collectif «
Ressources d’Afrique ». On y trouve une invitation à un déjeuner-débat,
sans aucun en lien avec le forum social, organisé par l’UQAM, autour de la
question de la « gouvernance minière au Congo ». La conférencière,
chercheure au Grama, vient de défendre sa thèse sur le sujet, où elle a
obtenu la note de 18 et la mention excellent. Je m’attendais à une
révolution. Elle n’a rien dit, elle n’avait rien à dire. C’est ce qu’on
lui demandait. Quel talent. Je l’ai un peu taquiné : comment pouvait-elle
limiter son sujet d’étude à la seule « gouvernance du Congo », quand elle
annonçait d’emblée l’absence de souveraineté d’un état ravagé par la
guerre et soumis aux diktats extérieurs ? Comment ne pas s’interroger sur
les acteurs réels de cette souveraineté, qu’elle n’avait pas besoin de
chercher bien loin ? Réduire les systèmes parallèles illégaux aux petits
fonctionnaires et trafiquants sans déceler le rôle fondamental des
multinationales, de la bourse de Toronto, de la Banque Mondiale et du FMI.
Heureusement, le forum allait commencer, et j’allais avoir le loisir
d’écouter des choses plus sensées. L’université a du souci, vraiment.

Tourisme Solidaire.
Je commence soft avec un atelier sur l’alter-tourisme. J’en apprends plus
sur les peuples autochtones du Canada, que sur le tourisme solidaire, mais
j’en retiens tout de même quelques idées : cette forme de tourisme peut
contribuer à redonner du pouvoir à des populations qui en sont privées,
entre autres avec la création d’emplois de qualité. Le tourisme solidaire
n’est pas tant un produit, qu’une relation à créer. Je me débarrasse au
passage d’un doute : l’absence d’implication dans un projet de tourisme
solidaire peut créer autant de troubles, si ce n’est plus, que
l’implication dans un projet de ce type. Je suis intéressé à continuer la
réflexion sur le sujet, si vous avez des pistes, des idées, je suis
preneur.

Jardins sur les toits à Bamako.
C’est les copains d’Alternatives Internationales qui se proposent de
partager leurs expériences dans le domaine des échanges autour de
l’agriculture en milieu urbain. Quelques jeunes stagiaires reviennent de
Bamako, où elles ont contribués à créer, sur le toit de la radio Kayira,
un jardin urbain. Sympa, mais rien de bien révolutionnaire, je m’en vais
voir ailleurs. C’est l’heure aussi d’aller remplir ma mission de bénévole.

Bénévolat ?
J’aime m’impliquer dans ce genre de forum, en tant que bénévole, non pas
seulement pour contribuer, mais plus pour accéder et échanger aux
organisateurs, aux autres bénévoles, et mieux comprendre les logiques qui
sous-tendent leurs travaux. On me confie une mission informatique de base,
tout en me faisant comprendre que la mission était déjà remplie à 95% et
que je ne serais pas vraiment utile en fait. Je propose alors de
réorienter ma « mission » sur la rédaction de comptes-rendus, proposition
acceptée. Je redeviens donc libre de me balader et de participer aux
ateliers du forum. La plupart des bénévoles sont de jeunes étudiants
engagés, il règne une ambiance chaleureuse, et on sent partout leur
efficacité, leur présence, et leur disponibilité. Chapeau à tous !

« Leur crise »
La soirée avance, et je me rends au café « L’Absinthe » pour le lancement
des nouveaux cahiers du socialisme, un recueil de textes autour de « Leur
crise ! ». Discours engagés, enflammés, retrouvailles avec Elodie, de la
maison d’édition Ecosociété, quelques échanges sympas, un peu de musique
et beaucoup d’alcool. Le mot de passe, le mot-clé : « Vive la révolution !
», mais je me sens étonnamment seul dans ce zinc, et mal à l’aise
finalement. Moment de fatigue ? Absence de repos et de repas ? J’apprécie
tout de même à nouveau, cette fois en solo, la superbe prestation de
Jean-François Lessard : va vraiment falloir que je me procure son album
avant la fin de mon séjour ici…

Mobilisations, révoltes et répressions à Gafsa en Tunisie.
Je finis la soirée en compagnie d’un camarade croisé maintes fois à Paris
: Mouhieddine Cherbib, président de la Fédération des Tunisiens des Deux
Rives, animateur de nombreux mouvements en France et au Maghreb. C’est le
lancement du film « Leila Khaled la tunisienne » qui revient sur la grande
mobilisation du bassin minier en Tunisie, autour de Redeyef. Salle comble,
environ 50 personnes, et débat intéressant, sauf lorsque quelques
tunisiens libéraux nient le caractère dictatorial du régime de Ben Ali, et
essaye de plomber le débat. Mais la tentative de sabotage est bien
contrôlée, et la soirée s’achève dans la bonne humeur…


Samedi. Troisième jour. Un petit café dans un troquet non loin de chez
Alain, un bus, un métro, quelques minutes dans le froid qui est bien tombé
ce matin, et j’arrive non loin des lieux du forum. Je porte un bonnet noir
enfoncé sur ma tête, une écharpe, et un gros gilet un peu pourrave,
lorsque j’essaye de demander ma route à un groupe d’étudiantes, qui me
bloque net d’un signe de la main qui veut dire stop. Je ne me démonte pas,
et leur explique d’en dépit de mon allure de vagabond, je ne leur demande
pas l’aumône, mais simplement mon chemin. Les trois étudiantes sont «
désolés au carré », – c’est leur expression – elles m’indiquent ma route
en essayant, honteuses, de se justifier : « Tu comprends, ici, on est
sollicité 100 fois par jour… » Je comprends, mesdemoiselles, je comprends.
Vous êtes ce que vous êtes. Assumez. Bref, je me suis levé bien trop tard
pour assister au premier atelier qui m’intéresse ce matin autour d’un
projet d’observation électorale au Salvador au début 2009. La mise en
contact avec leurs promoteurs a tout de même pu se faire, et le collectif
« élections Afrique, mascarades » mis en place à Paris, devrait bénéficier
de cette expérience.

Quartiers populaires, racisme ordinaire, et violences policières.
Je cherche à me rendre à un atelier bilan autour d’un genre de Forum
Social des Quartiers Populaires tenus dans les quartiers nord de Montréal
: « Hoodstock », organisé un an après l’assassinat de Fredy Villanueva,
entre les mains de la Police de Montréal. L’événement a été déplacé au
lendemain, mais l’on me raconte une anecdote saisissante sur la
stigmatisation qui s’opère comme chez nous en France vis à vis des
quartiers périphériques :
Les journaux locaux pour unique couverture du forum, lors duquel se
tinrent une série d’activités toutes plus riches les unes que les autres,
ne trouvèrent rien d’autre à dire que : « Il n’y a pas eu de violences !
», pour faire suite aux annonces, nombreuses, de la part de cette presse
de merde, qui prévoyait une explosion de violence à cette occasion !

S’attaquer au capitalisme !
Un peu déçu, je me rabats donc sur un atelier, totalement bondé, près de
100 personnes s’entassant dans une petite salle de classe. Je prends le
débat en cours, il s’intitule : « S’attaquer au capitalisme ou l’aménager
: le capitalisme est-il humanisable ? ». C’est un poil barbant, mais je
retiens une idée d’Engels qui stipulait deux ans après la mort de Marx :
L’important, c’est la mise en mouvement des ouvriers vers l’action
politique indépendante, sur n’importe quelle revendication ! Le Forum
Social Mondial serait sans doute d’accord avec ça, et moi aussi je crois.
L’autre idée : « Le capitalisme n’est pas puissant tout le temps et
partout. » à méditer, non ?

Food not bombs et informatique à libérer.
J’avale un sandwich issu de bouffe récupéré, au paté végétal et aux
pommes, c’est pas mauvais et c’est prix libre.
Ensuite, un tour sur le net, mais je ne vois que des machines sous
Windows, sans doute une contrainte lié au laboratoire. Je suis seul dans
ce grand espace composé d’une centaine de machines. Tout le monde a son
propre portable et se connecte en wifi directement dans les salles
d’ateliers. J’ai une pensée pour Lomé, et l’étrange rencontre qui s’est
tenu sans Internet, sans salle informatique. C’est triste une telle
inégalité.

Art et engagement politique.
Pas le temps de rêvasser, j’ai envie de suivre un atelier organisé par
Ecosociété autour de l’art et de l’engagement politique. J’en retiens la
présentation de France Théoret, auteure féministe, qui évoque « un art qui
prend position », elle parle de son engagement « en faveur de la liberté
artistique, contre l’idéologie ». Elle se réjouit d’un mouvement féministe
qui a gagné de belles batailles, ouverts et conquis, par la lutte de
nouveaux droits, un mouvement sans chef de fil, sans hiérarchie. Elle
fustige et démonte, avec rigueur et talent « les discours ambiants contre
l’engagement politique. » Hyper motivant !

« La convergence troublante du privilège, de l’activisme et des voyages.»
Hélas, au même moment se tient un autre atelier donc l’intitulé,
ci-dessus, a retenu toute mon attention.
Un douzaine de personnes, essentiellement des femmes, échangent à bâtons
rompus. J’écoute un peu, et rapidement brûle d’intervenir, de partager mon
témoignage, mon expérience. Si rares sont les espaces où l’on peut
échanger collectivement sur ce type de sujets. On évoque les paradoxes et
les contradictions d’un engagement politique dans les « pays du Sud »
lorsqu’on est un « petit blanc » qui essaye de participer, en commun, à la
construction d’un autre monde. On parle de racisme, de prise de
conscience, de limites, de dérives, de dangers et de réponses
personnelles, de stratégies. C’est franchement passionnant, mais il manque
tout de même la présence de « ceux du Sud » pour nous renvoyer notre image
en miroir. Un échange à poursuivre et développer, sans aucun doute !

Comment réagir à Noir Canada ?
C’est le thème de cet atelier, animé aux côtés d’Alain et de Me Jean-Moïse
Djoli, président de l’Association des juristes congolais au Canada, qui
tente de mener une plainte contre une multinationale canadienne Anvil. On
parle interdisciplinarité des approches, on liste les pistes d’actions
possibles, et la salle se lance dans des témoignages tous plus
bouleversants les uns que les autres, tel cet autre congolais qui raconte
son parcours personnel : la guerre, les assassinats, la fuite, les camps
de réfugiés, la réinstallation au Canada, et les questions qu’on lui pose
souvent ici : « Pourquoi venez-vous ici ? Est-ce pour profiter du système
? ». Ceux qui se mobilisent déjà témoignent, les autres promettent de
rejoindre le mouvement, c’est extrêmement motivant et rompt avec une forme
de pessimisme ambiant qu’on peut croiser à Paris dans ce genre de
conférences. Au Canada, ce bouquin a provoqué quelque chose d’unique, de
nouveau et on assiste à la naissance d’un mouvement inédit dont la portée
nous échappe aujourd’hui…

Gaza, on n’oublie pas !
Les soirées de convergences sont annulées, et je participe donc à une
soirée de solidarité avec la Palestine, autour du thème
Boycott-Désinvestissement-Sanctions, qui conclue une journée mondiale
d’action sur le même slogan.
Pièce de théâtre magnifique, cinémas, et concerts s’enchaînent, devant un
public nombreux et métissés (plus de 300 personnes). Je me prends à
danser, comme un pied, je vous rassure, porté par la fatigue, défiant ce
public mort qui manque de s’endormir, quand pourtant 3 musiciens essayent
de nous ramener à la vie avec leur musique tzigane. En sortant, je ne sais
comment, je me retrouve dans un bar branché de Montréal, l’ennui me
submerge, la musique techno me casse la tête, l’absence de mots (malgré
l’ivresse de la journée) me dévore : je fuis sans un adieu, et retraverse
la ville à pied, retrouver un peu de sommeil et de paix…

Dimanche. Et de quatre ! Le réveil est de plus en plus dur, je tourne sur
les stands, à la recherche d’un bon café. Le second me voit enfin à peu
près en état de bosser. Je commence à suivre un atelier autour du
dynamisme de la société civile en Afrique de l’Ouest. Seules 10
participantes sont présentes, mais la présentation de la première
intervenante, qui revient d’un stage auprès du Mouvement Burkinabé pour
les Droits Humains et des Peuples est saisissant. Elle raconte la boutique
de droits, les succès et les difficultés d’un tel mouvement au Burkina
Faso. Bien que familier du mouvement, j’apprends des petites choses, mais
je n’ai pas la patience d’attendre le temps du débat, et m’en vais
rejoindre un autre atelier sur un thème bien proche, organisé par Alain et
William, autour du cas de l’exploitation de l’or à Sadiola, au Mali. Je
m’improvise porte-parole de Camille de Vitry, la réalisatrice du film
projetée, qui glace les participants (nombreux, la salle est pleine). Je
redécouvre le talent et le courage de Camille pour réaliser cette enquête,
j’en ressens la portée, profondément. Le débat est élargi à la
mobilisation générale, aux rôles des diasporas, et j’y évoque l’OREZ qui
essaye de fédérer les résistances.

J’avale un sandwich au soleil et cause avec deux communistes de la
révolution à Cuba et au Vénézuéla, avant de devoir décider entres les 6
ateliers passionnants qui se déroule au même moment à 14h ce dimanche
après-midi.


Faute de choisir, je vogue de l’un à l’autre, n’appréciant que rarement la
substance du débat, mais percevant l’ambiance générale qui se dégage de
tous ces travaux : « Les gauches en Amérique », « Crise du capitalisme :
repenser le développement et l’infléchir vers l’autocentrage progressiste
» animé par l’ami Aziz S. Fall du GRILA, qu’on avait déjà reçu à Paris.
Riche et enthousiasmant ! Je finis l’après-midi entre la grande conférence
sur le thème « La survie de l’humanité » autour d’Albert Jacquard et
d’autres grandes personnalités internationales. Passionnant, inquiétant,
magnifique, déprimant aussi… L’atelier pratique d’organisation d’un
tribunal des peuples sur l’industrie minière du Canada me remonte un peu
le moral, mais c’est ce diner Hamburger-Frites à « La Paryse », le
meilleur restaurant fast-food de la ville, qui fait juste face au CEGEP
qui finit de me redonner la patate !

Je rate tout de même 4 ateliers qui m’intéressaient vraiment : j’ai pas
suffisamment de « réseaux » à Montréal pour qu’on se partage le boulot et
les comptes-rendus, comme j’arrive souvent à le faire en Afrique.

La soirée de convergence du dimanche soir est aussi un semi-échec, la
plupart des réunions ne se tiennent pas. Les autres sont déjà trop
entamés, et je comate sur un canapé, ne sachant plus trop ou je suis ni
pourquoi. Au radar, mes jambes me ramènent à la maison, où la fatigue
m’emporte en quelques secondes…

Lundi matin. 5ème et dernier jour au FSQ.
Ce sont des nuits dans rêves, mais les réveils sont toujours féconds :
directs, soudains, les idées se bousculent dans ma tête. Je tends le bras
hors du lit, attrape un cahier, un crayon, et griffonne quelques idées qui
me serviront pour plus tard. Il est souvent 6h du matin – décalage horaire
oblige – et pas la peine de compter se rendormir après ça. 4h de sommeil
par nuit, c’est pas humain, mais l’adrénaline va encore me porter une
dernière journée…

Ce matin se forme « l’espace des revendications et des appels à l’action
collective ». En vérité, en dehors de rares interventions, chacun répéta
sa « petite » préoccupation ou passion personnelle, le tout s’apparentant
encore à un listing fastidieux des initiatives à rejoindre, plutôt que
d’adresser des préoccupations plus stratégiques…

Ce moment de partage se conclue tout de même sur un sympathique chant
mi-burlesque, mi-sérieux nous invitant à nous mettre « en marche », ce qui
fût fait aussitôt par les quelques 150 participants à cet échange,
rapidement rejoints par d’autres… Le cortège fit un paisible tour du
quartier quasiment désert en cette journée de thanks giving : ni actions,
ni slogans choc ne firent trembler les puissants, ce qui m’inspira dans un
moment de folie désespoir, un étonnant slogan : « Silence ! Silence ! Nous
marchons en silence ! » diversement apprécié par mes voisins de
manifestation…

De retour de la marche, un concert et des prises de paroles concluent ce
forum social, tandis que nous sommes un petit groupe à se réunir, avec
Samir d’Attac Togo, et des organisateurs du FSQ, dans un café coopératif
de la place. On continue la lutte, en mangeant, buvant, et se promettant
de se retrouver lors du Forum Social Mondial de Dakar en janvier 2011.
C’était un beau forum, et tous sortons grandis de cette aventure partagée…
jusqu'à la prochaine fois…

En soirée, invité chez des amis à dîner, j’apprends que la politique
d’expulsion des étrangers sans-papiers mené par le Canada est bien
similaire à celle que la France pratique. Mêmes résistances de ce côte de
l’Atlantique, mêmes silences de la majorité des bons citoyens, et des
esclaves-consentants, et la rage me gagne à nouveau.

Tout ça là, jusqu’à quand ?

Zoul
zoul@no-log.org
http://www.zoulstory.com

Produire plus et nourrir mieux, le nouveau défi agricole


La Journée mondiale de l'alimentation se tient vendredi, alors que, en 2009, plus d'un milliard de personnes sont encore victimes de la faim. Les causes structurelles des "émeutes de la faim" de 2008 n'ont pas disparu. La crise a réveillé l'une des craintes les plus anciennes de l'homme : pourra-t-on nourrir tout le monde demain ? L'intensification écologique de la production agricole est un nouveau défi pour la recherche.

Il y a plus d'un an, la crise des prix et les "émeutes de la faim" ont conduit à rappeler à tous l'effroyable nombre des personnes sous-nourries : plus d'un milliard aujourd'hui. Depuis, les prix sont retombés des sommets fous qu'ils avaient atteints. La souffrance des pauvres est redevenue silencieuse.

Si d'autres flambées des prix ont eu lieu par le passé, celle de 2008 est pourtant nouvelle. D'abord, c'est la première crise mondiale qui intervient après deux décennies de libéralisation économique. La globalisation des échanges devait permettre de mutualiser les risques, d'assurer plus de sécurité alimentaire. Or, bien que l'on n'ait pas observé de franc déficit de la production agricole, les prix ont quand même flambé.

Aujourd'hui encore, le faible niveau des stocks mondiaux et l'absence de régulations des marchés financiers font craindre de nouvelles crises dans l'avenir. Ensuite, la multiplication des émeutes urbaines, une trentaine en moins d'un mois, a révélé l'effet de la globalisation de l'information, favorisant la contagion des révoltes. Ce qui s'est passé en Haïti a été vu quasiment instantanément dans le reste du monde. La crise de 2008 a donc signé le début d'une ère de plus grande instabilité : économique, politique, de même que climatique. Un premier défi est de parvenir à gérer ces instabilités, à en limiter l'intensité et les effets de paupérisation.

La crise de 2008 a également réveillé l'une des craintes les plus anciennes de l'homme : pourra-t-on nourrir tout le monde demain ? On sait, depuis Malthus, que la population s'accroît plus vite que la production agricole. Les changements alimentaires liés au développement économique et à l'urbanisation accélèrent ce décalage.

Dans ce contexte, la question agri­cole redevient stratégique. La prospective Agrimonde, menée par le Cirad et l'Inra, vise à tester plusieurs scénarios d'évolution de la consommation et de la production à l'horizon 2050. Son intérêt n'est pas de lancer des cris d'alarme en brandissant les courbes malthusiennes. Il s'agit plutôt de construire des scénarios possibles, pour faire face à l'augmentation de la demande sans détruire l'environnement. Laisser les tendances se poursuivre, telle une fuite en avant, mène vers une impasse très probable. Réduire les disparités mondiales de consommation apparaît l'une des conditions pour que l'augmentation nécessaire de la production ne se fasse pas au détriment des générations futures. Non seulement il faudra trouver des solutions qui combinent production et environnement, mais encore faut-il y ajouter une contrainte désormais forte : celle de pouvoir résister aux chocs, aux instabilités, en particulier climatiques. Pour la recherche, ce défi de l'intensification écologique dans un monde instable constitue une révolution scientifique.

Mais produire plus et mieux devra tenir compte de l'enjeu de l'emploi. Dans les pays d'Afrique ou d'Asie, où vit encore la grande majorité de la population sous-nourrie, le secteur agricole reste le principal pourvoyeur de revenus. Or, d'après les tendances démographiques, on estime qu'il est nécessaire dans ces pays de créer environ 30.000 emplois par an et par million d'habitants pour sortir de la pauvreté. Les villes seules ne pourront fournir aux jeunes qui quittent leurs villages des emplois à un rythme suffisant. Il faut donc investir dans le développement rural et renforcer les capacités de résilience des plus vulnérables.

Par ailleurs, la ruée sur les terres et les projets de grandes plantations industrielles à main-d'œuvre salariale font craindre une accélération de la fonte de l'emploi rural. Ces changements structurels doivent être évalués sans a priori idéologique. Il faut se doter d'outils d'analyse pour mesurer les performances environnementale et sociale de ces nouveaux systèmes, et leur capacité de résistance dans un environnement plus instable.

Eliminer la faim dans le monde concerne donc bien l'agriculture, dans toutes ses dimensions, mais aussi de nombreux autres secteurs de la société. En juin 2008, au dernier sommet sur la sécurité alimentaire mondiale à Rome, la France a proposé une gouvernance mondiale de la sécurité alimentaire. Celle-ci doit être fondée sur une alliance multisectorielle, incluant l'agriculture, l'alimentation, l'emploi, le commerce, la santé, l'environnement et la recherche. Mais pour que ces secteurs s'allient à cet objectif, il faut se doter d'outils pour que chacun s'impose d'évaluer les effets de ses actions sur la sécurité alimentaire. C'est une condition absolument nécessaire pour ne pas rester dans les déclarations d'intentions.

Gérard Matheron, directeur général du Cirad (institut français de recherche agronomique au service du développement des pays du Sud et de l'outre-mer français)

vendredi 9 octobre 2009

Les coûts liés à la scolarisation constituent une source d'insécurité alimentaire

- Les coûts liés à la scolarisation des enfants dans ménages pauvres constituent une source d'insécurité alimentaire. D'une part, les ménages en insécurité alimentaire, en particulier les plus pauvres, font partie en général des ménages à faibles niveaux d'éducation, donc à faibles niveaux de revenus (voir les résultats de l'Analyse Compréhensive de la Sécurité Alimentaire et de la Vulnérabilité de PAM/CNSA de 2007).

- D'autre part, selon la récente étude sur la sécurité alimentaire et les modes de vies dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince (FEWS NET/CNSA, Juin 2009), les ménages très pauvres ne consomment que 1995 kilocalories par personne et par jour, soit 95 pour cent du minimum requis (2100). Aussi, pour ces ménages, l'éducation représente la deuxième plus grande source des dépenses après les aliments. De ce fait, à chaque fois qu'un ménage très pauvre dans les bidonvilles de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince décide d'envoyer ses enfants à l'école, il doit dépenser sept pour cent de ses revenus, proportion qui aurait pu améliorer sa ration alimentaire quotidienne. En outre, s'il devait garantir à ses enfants la même qualité d'éducation que le ménage mieux loti de ces mêmes bidonvilles, il devrait réduire de plus de 60 pour cent sa consommation alimentaire. D'où le dilemme du ménage très pauvre: faut-il éduquer les enfants ou augmenter/améliorer l'alimentation du ménage?

dimanche 4 octobre 2009

Haiti : les victimes d'insécurité alimentaire

Le nombre de personnes victimes d'insécurité alimentaire en Haiti est passé de 2.4 millions en 2008 à 1.9 million en 2009, a annoncé le Bureau de la représentation de la FAO en Haïti dans un communiqué.

Selon ces nouveaux chiffres, Haiti représente 1.8 % du taux global du nombre de personnes victimes d'insécurité alimentaire dans le monde qui s'élève aujourd'hui à 105 millions. En 2009, on compte 1.02 milliard de personnes souffrant de la faim à travers le monde. Selon ce rapport, presque un sixième de l'humanité est victime de sous-alimentation.

Quant à Haiti, « Cette réduction de l'insécurité alimentaire est d'autant plus remarquable que le pays a par ailleurs subi les effets dévastateurs de quatre ouragans successifs au cours de la saison cyclonique 2008 », lit-on dans le communiqué.

Ainsi, poursuit le texte, il est donc prouvé même en temps de crise, qu'il est possible de soustraire les personnes les plus vulnérables aux pires effets de la faim et de la malnutrition. D'où le thème choisi cette année pour commémorer la journée mondiale de l'alimentation (16 octobre) et la semaine mondiale de l'alimentation (12 au 16 octobre) : « Atteindre la sécurité alimentaire en temps de crise ».

Pour protéger les plus vulnerables, le Fonds alimentaire mondial (FAO) recommande aux Gouvernements de déployer auprès de ces gens leurs filets de sécurité sociale; les programmes sociaux en faveurs de ceux qui ont faim doivent être soigneusement adaptés aux circonstances; les programmes de protection sociale fondés sur les activités productives doivent être renforcés et enfin les programmes alimentaires devraient s'efforcer de maintenir et d'améliorer la diversité du régime alimentaire pour les enfants et autres groupes vulnérables.

Investir dans l'agriculture est tout aussi important dans la lutte pour la réduction du nombre de personnes souffrant de la faim. En effet, selon les estimations de la FAO, l'agriculture des pays pauvres a besoin d'investissements de 30 milliards de dollar par an sous forme d'aide aux agriculteurs. Ce niveau d'investissement est nécessaire pour atteindre l'objectif du Sommet mondial de l'alimentation en 1996 à savoir « Réduire de moitie le nombre de personnes souffrant de la faim d'ici 2015 ».

En dernier lieu, la FAO appelle les gouvernements et les citoyens à travailler ensemble pour que la faim soit reconnue comme un problème critique à résoudre.

vendredi 2 octobre 2009

Au Guatemala, la sécheresse et la famine tuent en silence

Le président Colom a déclaré l’état d’urgence nationale après la mort de 500 personnes, dont 54 enfants. Le pays affronte la pire sécheresse depuis trente ans

Cette année au Guatemala, ce ne sont pas les ouragans et les pluies diluviennes qui ont détruit les récoltes, mais le soleil et la chaleur, un effet meurtrier du Niño, ce courant chaud qui court le long des côtes pacifiques. La sécheresse touche l’ensemble du Guatemala mais, dans sept départements, 90 % des cultures de maïs et de haricots noirs ont séché sur pied.

Le manque d’eau affecte les communautés indiennes et paysannes qui vivent dans ce que l’on appelle le « couloir sec » qui s’étend le long de la frontière Nord du pays et qui descend pratiquement jusqu’à la capitale, englobant la région du Quiché, où habite le peuple indien du même nom. Le ministre de la santé a déclaré que 462 personnes dont 54 enfants sont mortes de faim et que 120 000 familles se trouvent en situation critique.

La crise a obligé le président du Guatemala, Alvaro Colom, à déclarer l’état d’urgence nationale pour permettre au gouvernement d’acheter des aliments en évitant les arcanes bureaucratiques de l’appel d’offres. Les finances guatémaltèques sont au plus mal, et Alvaro Colom a dû lancer un appel à la communauté internationale pour obtenir 100 millions de dollars (68 millions d’euros).

L’Europe a promis 15 millions d’euros. Olivier Schutter, le responsable du Programme alimentaire mondial de l’ONU, est très inquiet car l’organisme d’aide alimentaire est en train de distribuer les dernières tonnes de galettes nutritives qui lui restent. Ses critiques visent le gouvernement d’Alvaro Colom mais surtout le Congrès qui fait obstacle aux réformes dont le Guatemala aurait besoin pour affronter les crises alimentaires. Contrairement aux promesses, les autorités n’ont pas augmenté les capacités productives du pays qui ne dispose pas de réserves stratégiques de céréales.
7 millions d'habitants souffrent de carences alimentaires

Un Guatémaltèque sur deux (52 %), soit environ 7 millions d’habitants, souffre de carences alimentaires. Cette population, majoritairement indigène, se nourrit de maïs et de haricots noirs, mais ne mange pratiquement pas d’œufs ni de viande.

Le déficit en protéine est tel que 49 % des enfants de moins de 5 ans sont aussi dénutris qu’à Haïti, le pays le plus pauvre d’Amérique. Pour attaquer le problème de la pauvreté, Alvaro Colom, le premier président progressiste du Guatemala en 50 ans, a lancé le programme « Mi familia progresa » (Ma famille progresse) qui fournit une allocation familiale de 38 dollars (26 €) par mois aux mères qui envoient leurs enfants à l’école, mais cette somme est loin d’être suffisante pour enrayer la dénutrition.

Les communautés catholiques et évangéliques se sont associées pour faire un front contre la famine et faire parvenir nourritures et médicaments aux hôpitaux des régions les plus touchées par la sécheresse. La FAO, agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation, a commencé un travail de fond avec 90 000 familles du « couloir sec » pour améliorer les cultures, récupérer sources et rivières et construire des réservoirs d’eau « afin d’éviter que la famine ne se nourrisse de la vie des plus pauvres ».

La crise économique mondiale, le prix élevé des aliments et la chute des envois d’argent des travailleurs émigrés aggravent considérablement la situation. Cette catastrophe met en relief les terribles inégalités sociales du pays. La réforme agraire que voulait mettre en œuvre le président Jacobo Arbentz, renversé par les militaires en 1954, est sans cesse repoussée par la poignée de grands propriétaires qui possèdent 65 % des terres irriguées du Guatemala.

La croix>22/09/2009

Patrice GOUY, à Mexico

23 millions de personnes menacées par la disette en Afrique de l'Est

Plus de 23 millions de personnes sont menacées par la disette et la pauvreté en Afrique de l'Est, touchée par la crise la plus grave depuis une décennie, a averti l'organisation humanitaire Oxfam qui lance un appel de fonds pour quelque 10 millions d'euros.

Une vague de sécheresse qui sévit depuis cinq ans dans sept pays africains est la cause de grandes souffrances exacerbées par le niveau élevé des prix alimentaires et les conflits armés, a souligné Oxfam dans un communiqué.

«Les pluies sont de plus en plus imprévisibles et rares en Afrique de l'Est tandis que les saisons des pluies se raccourcissent à cause de l'influence grandissante du changement climatique», a souligné le directeur régional d'Oxfam, Paul Smith Lomas.

3,8 millions de Kenyans - un dixième de la population - a besoin d'une aide d'urgence après la pire sécheresse depuis une décennie et un bond des prix alimentaires qui sont 180% plus élevés que leur niveau moyen, selon l'organisation.

En Ethiopie, 13,7 millions de personnes risquent la famine, et deux millions de personnes ont besoin de secours en Ouganda. La Somalie, en prise aux conflits armés, fait face à la crise humanitaire la plus grave depuis 1991 avec 3,8 millions de personnes affectées.

Au début du mois, la fédération internationale de la Croix rouge et ses organisation affiliées avaient lancé un appel urgent pour venir en aide à quelque 10 millions de Kenyans touchés par la sécheresse.

(Source AFP)