Production, famines, crises alimentaires dans le monde, épidémies et les problèmes de santé publique sur les populations.
mercredi 14 octobre 2009
1001 raisons et 1001 façons de se révolter. Impressions suite au Forum Soci al Québécois...
4 jours intenses viennent de s’écouler, sans me laisser le temps et le
loisir de partager à chaud mes impressions sur cette seconde édition du
Forum Social Québécois. C’est donc tout juste au sortir de l’événement que
je vous livre ici en vrac quelques impressions.
Richesse, d’abord, d’une quantité d’ateliers incroyables aussi bien en
termes de diversité, que de qualité.
C’est plus de 300 événements qui se sont effectivement tenus, rassemblant
plus de 4000 participants, avec en général une très bonne qualité
d’interventions, et une participation par atelier ou conférence
généralement limitée qui permettait souvent des débats et des échanges
d’une grande richesse.
Richesse, que j’essaye de vous faire sentir dans les petites chroniques
ci-dessous, de ces quelques journées qui viennent de s’écouler, et qui
m’ont fait voyager un peu partout, du grand nord canadien, aux rives des
grands lacs du Congo, en passant par Gaza, Bamako, le Guatemala, l’Irak,
la Tunisie, les USA, et les quartiers Nord de Montréal…
Richesse des rencontres humaines enfin, impossible à décrire ici dans leur
diversité, leurs espoirs et leurs forces… Pour cela, il faut être présent,
et cela ne tient qu’à vous de rentrer dans la danse… C’est surtout pour ça
qu’on est là, et c’est irremplaçable !
Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, quelques mots sur
l’organisation en général. Le travail a été bien fait dans de nombreux
domaines : informations, mobilisation, logistique, même si certains
aspects auraient sans doute pu être améliorés, parmi lesquels je relève :
- les « lieux du forum » : éclatés entre les nombreux bâtiments de
l’Université du Québec à Montréal (UQAM), les 8 étages et les couloirs
tortueux du Cégep du Vieux Montréal (un lycée), et d’autres lieux encore,
difficile de sentir l’unité au sein des participants. Même la « foire » où
l’on rencontre les nombreux stands militants ou commerce équitable, semble
avoir été cachée au public. Il faut pousser au fin fond d’un couloir pour
trouver la salle internet. La marche finale, et le concert sur une place
publique furent les seules activités ouvertes sur la ville, l’ensemble
ayant participé à la création d’un sentiment d’isolement, voir de ghetto
militant…
- la « convergence » : élément essentiel des forums sociaux, cette
préoccupation n’a semble-t-il pas été suffisamment intégrée par les
organisateurs : le programme aurait pu être réduit à 200 événements,
rendant plus naturelle la convergence. L’éclatement en 8 ou 9 axes
thématiques pour les soirées prévues en fin de journée les samedi et
dimanche soir ont donné lieu à un bide presque total. Fatigués, ou pris
dans d’autres activités, ces espaces furent ignorés, ou boudés du public.
Le seul vrai moment de convergence fut la séance finale du lundi matin,
dit « espace des revendications et des appels à l’action collective ».
Je vais maintenant essayer de me souvenir, et de parcourir brièvement les
activités phares auxquelles j’ai eu le loisir de participer :
Jeudi. Le forum a commencé par sa soirée d’ouverture, jeudi soir, à la fin
du Conseil International, et j’étais déjà sur les rotules. Jean-François
Lessard, un chanteur enragé au talent immense, m’a réveillé le temps de sa
prestation. Celui qui a fini de me mettre en rage, c’est Taoufik,
coordinateur du secrétariat du Forum Social Africain qui monte sur scène
annoncer la tenue du Forum Social Mondial à Dakar 2011. Si peu ici savent
la réalité du mouvement social africain, qu’il peut se permettre son
baratin. C’est donc sans attendre la fin que je suis rentré dormir, et
préparer le marathon qui s’annonçait les jours suivants.
Vendredi. Après un sommeil réparateur, j’anticipe le début du forum en
allant visiter en compagnie d’Alain Deneault le local de leur collectif «
Ressources d’Afrique ». On y trouve une invitation à un déjeuner-débat,
sans aucun en lien avec le forum social, organisé par l’UQAM, autour de la
question de la « gouvernance minière au Congo ». La conférencière,
chercheure au Grama, vient de défendre sa thèse sur le sujet, où elle a
obtenu la note de 18 et la mention excellent. Je m’attendais à une
révolution. Elle n’a rien dit, elle n’avait rien à dire. C’est ce qu’on
lui demandait. Quel talent. Je l’ai un peu taquiné : comment pouvait-elle
limiter son sujet d’étude à la seule « gouvernance du Congo », quand elle
annonçait d’emblée l’absence de souveraineté d’un état ravagé par la
guerre et soumis aux diktats extérieurs ? Comment ne pas s’interroger sur
les acteurs réels de cette souveraineté, qu’elle n’avait pas besoin de
chercher bien loin ? Réduire les systèmes parallèles illégaux aux petits
fonctionnaires et trafiquants sans déceler le rôle fondamental des
multinationales, de la bourse de Toronto, de la Banque Mondiale et du FMI.
Heureusement, le forum allait commencer, et j’allais avoir le loisir
d’écouter des choses plus sensées. L’université a du souci, vraiment.
Tourisme Solidaire.
Je commence soft avec un atelier sur l’alter-tourisme. J’en apprends plus
sur les peuples autochtones du Canada, que sur le tourisme solidaire, mais
j’en retiens tout de même quelques idées : cette forme de tourisme peut
contribuer à redonner du pouvoir à des populations qui en sont privées,
entre autres avec la création d’emplois de qualité. Le tourisme solidaire
n’est pas tant un produit, qu’une relation à créer. Je me débarrasse au
passage d’un doute : l’absence d’implication dans un projet de tourisme
solidaire peut créer autant de troubles, si ce n’est plus, que
l’implication dans un projet de ce type. Je suis intéressé à continuer la
réflexion sur le sujet, si vous avez des pistes, des idées, je suis
preneur.
Jardins sur les toits à Bamako.
C’est les copains d’Alternatives Internationales qui se proposent de
partager leurs expériences dans le domaine des échanges autour de
l’agriculture en milieu urbain. Quelques jeunes stagiaires reviennent de
Bamako, où elles ont contribués à créer, sur le toit de la radio Kayira,
un jardin urbain. Sympa, mais rien de bien révolutionnaire, je m’en vais
voir ailleurs. C’est l’heure aussi d’aller remplir ma mission de bénévole.
Bénévolat ?
J’aime m’impliquer dans ce genre de forum, en tant que bénévole, non pas
seulement pour contribuer, mais plus pour accéder et échanger aux
organisateurs, aux autres bénévoles, et mieux comprendre les logiques qui
sous-tendent leurs travaux. On me confie une mission informatique de base,
tout en me faisant comprendre que la mission était déjà remplie à 95% et
que je ne serais pas vraiment utile en fait. Je propose alors de
réorienter ma « mission » sur la rédaction de comptes-rendus, proposition
acceptée. Je redeviens donc libre de me balader et de participer aux
ateliers du forum. La plupart des bénévoles sont de jeunes étudiants
engagés, il règne une ambiance chaleureuse, et on sent partout leur
efficacité, leur présence, et leur disponibilité. Chapeau à tous !
« Leur crise »
La soirée avance, et je me rends au café « L’Absinthe » pour le lancement
des nouveaux cahiers du socialisme, un recueil de textes autour de « Leur
crise ! ». Discours engagés, enflammés, retrouvailles avec Elodie, de la
maison d’édition Ecosociété, quelques échanges sympas, un peu de musique
et beaucoup d’alcool. Le mot de passe, le mot-clé : « Vive la révolution !
», mais je me sens étonnamment seul dans ce zinc, et mal à l’aise
finalement. Moment de fatigue ? Absence de repos et de repas ? J’apprécie
tout de même à nouveau, cette fois en solo, la superbe prestation de
Jean-François Lessard : va vraiment falloir que je me procure son album
avant la fin de mon séjour ici…
Mobilisations, révoltes et répressions à Gafsa en Tunisie.
Je finis la soirée en compagnie d’un camarade croisé maintes fois à Paris
: Mouhieddine Cherbib, président de la Fédération des Tunisiens des Deux
Rives, animateur de nombreux mouvements en France et au Maghreb. C’est le
lancement du film « Leila Khaled la tunisienne » qui revient sur la grande
mobilisation du bassin minier en Tunisie, autour de Redeyef. Salle comble,
environ 50 personnes, et débat intéressant, sauf lorsque quelques
tunisiens libéraux nient le caractère dictatorial du régime de Ben Ali, et
essaye de plomber le débat. Mais la tentative de sabotage est bien
contrôlée, et la soirée s’achève dans la bonne humeur…
Samedi. Troisième jour. Un petit café dans un troquet non loin de chez
Alain, un bus, un métro, quelques minutes dans le froid qui est bien tombé
ce matin, et j’arrive non loin des lieux du forum. Je porte un bonnet noir
enfoncé sur ma tête, une écharpe, et un gros gilet un peu pourrave,
lorsque j’essaye de demander ma route à un groupe d’étudiantes, qui me
bloque net d’un signe de la main qui veut dire stop. Je ne me démonte pas,
et leur explique d’en dépit de mon allure de vagabond, je ne leur demande
pas l’aumône, mais simplement mon chemin. Les trois étudiantes sont «
désolés au carré », – c’est leur expression – elles m’indiquent ma route
en essayant, honteuses, de se justifier : « Tu comprends, ici, on est
sollicité 100 fois par jour… » Je comprends, mesdemoiselles, je comprends.
Vous êtes ce que vous êtes. Assumez. Bref, je me suis levé bien trop tard
pour assister au premier atelier qui m’intéresse ce matin autour d’un
projet d’observation électorale au Salvador au début 2009. La mise en
contact avec leurs promoteurs a tout de même pu se faire, et le collectif
« élections Afrique, mascarades » mis en place à Paris, devrait bénéficier
de cette expérience.
Quartiers populaires, racisme ordinaire, et violences policières.
Je cherche à me rendre à un atelier bilan autour d’un genre de Forum
Social des Quartiers Populaires tenus dans les quartiers nord de Montréal
: « Hoodstock », organisé un an après l’assassinat de Fredy Villanueva,
entre les mains de la Police de Montréal. L’événement a été déplacé au
lendemain, mais l’on me raconte une anecdote saisissante sur la
stigmatisation qui s’opère comme chez nous en France vis à vis des
quartiers périphériques :
Les journaux locaux pour unique couverture du forum, lors duquel se
tinrent une série d’activités toutes plus riches les unes que les autres,
ne trouvèrent rien d’autre à dire que : « Il n’y a pas eu de violences !
», pour faire suite aux annonces, nombreuses, de la part de cette presse
de merde, qui prévoyait une explosion de violence à cette occasion !
S’attaquer au capitalisme !
Un peu déçu, je me rabats donc sur un atelier, totalement bondé, près de
100 personnes s’entassant dans une petite salle de classe. Je prends le
débat en cours, il s’intitule : « S’attaquer au capitalisme ou l’aménager
: le capitalisme est-il humanisable ? ». C’est un poil barbant, mais je
retiens une idée d’Engels qui stipulait deux ans après la mort de Marx :
L’important, c’est la mise en mouvement des ouvriers vers l’action
politique indépendante, sur n’importe quelle revendication ! Le Forum
Social Mondial serait sans doute d’accord avec ça, et moi aussi je crois.
L’autre idée : « Le capitalisme n’est pas puissant tout le temps et
partout. » à méditer, non ?
Food not bombs et informatique à libérer.
J’avale un sandwich issu de bouffe récupéré, au paté végétal et aux
pommes, c’est pas mauvais et c’est prix libre.
Ensuite, un tour sur le net, mais je ne vois que des machines sous
Windows, sans doute une contrainte lié au laboratoire. Je suis seul dans
ce grand espace composé d’une centaine de machines. Tout le monde a son
propre portable et se connecte en wifi directement dans les salles
d’ateliers. J’ai une pensée pour Lomé, et l’étrange rencontre qui s’est
tenu sans Internet, sans salle informatique. C’est triste une telle
inégalité.
Art et engagement politique.
Pas le temps de rêvasser, j’ai envie de suivre un atelier organisé par
Ecosociété autour de l’art et de l’engagement politique. J’en retiens la
présentation de France Théoret, auteure féministe, qui évoque « un art qui
prend position », elle parle de son engagement « en faveur de la liberté
artistique, contre l’idéologie ». Elle se réjouit d’un mouvement féministe
qui a gagné de belles batailles, ouverts et conquis, par la lutte de
nouveaux droits, un mouvement sans chef de fil, sans hiérarchie. Elle
fustige et démonte, avec rigueur et talent « les discours ambiants contre
l’engagement politique. » Hyper motivant !
« La convergence troublante du privilège, de l’activisme et des voyages.»
Hélas, au même moment se tient un autre atelier donc l’intitulé,
ci-dessus, a retenu toute mon attention.
Un douzaine de personnes, essentiellement des femmes, échangent à bâtons
rompus. J’écoute un peu, et rapidement brûle d’intervenir, de partager mon
témoignage, mon expérience. Si rares sont les espaces où l’on peut
échanger collectivement sur ce type de sujets. On évoque les paradoxes et
les contradictions d’un engagement politique dans les « pays du Sud »
lorsqu’on est un « petit blanc » qui essaye de participer, en commun, à la
construction d’un autre monde. On parle de racisme, de prise de
conscience, de limites, de dérives, de dangers et de réponses
personnelles, de stratégies. C’est franchement passionnant, mais il manque
tout de même la présence de « ceux du Sud » pour nous renvoyer notre image
en miroir. Un échange à poursuivre et développer, sans aucun doute !
Comment réagir à Noir Canada ?
C’est le thème de cet atelier, animé aux côtés d’Alain et de Me Jean-Moïse
Djoli, président de l’Association des juristes congolais au Canada, qui
tente de mener une plainte contre une multinationale canadienne Anvil. On
parle interdisciplinarité des approches, on liste les pistes d’actions
possibles, et la salle se lance dans des témoignages tous plus
bouleversants les uns que les autres, tel cet autre congolais qui raconte
son parcours personnel : la guerre, les assassinats, la fuite, les camps
de réfugiés, la réinstallation au Canada, et les questions qu’on lui pose
souvent ici : « Pourquoi venez-vous ici ? Est-ce pour profiter du système
? ». Ceux qui se mobilisent déjà témoignent, les autres promettent de
rejoindre le mouvement, c’est extrêmement motivant et rompt avec une forme
de pessimisme ambiant qu’on peut croiser à Paris dans ce genre de
conférences. Au Canada, ce bouquin a provoqué quelque chose d’unique, de
nouveau et on assiste à la naissance d’un mouvement inédit dont la portée
nous échappe aujourd’hui…
Gaza, on n’oublie pas !
Les soirées de convergences sont annulées, et je participe donc à une
soirée de solidarité avec la Palestine, autour du thème
Boycott-Désinvestissement-Sanctions, qui conclue une journée mondiale
d’action sur le même slogan.
Pièce de théâtre magnifique, cinémas, et concerts s’enchaînent, devant un
public nombreux et métissés (plus de 300 personnes). Je me prends à
danser, comme un pied, je vous rassure, porté par la fatigue, défiant ce
public mort qui manque de s’endormir, quand pourtant 3 musiciens essayent
de nous ramener à la vie avec leur musique tzigane. En sortant, je ne sais
comment, je me retrouve dans un bar branché de Montréal, l’ennui me
submerge, la musique techno me casse la tête, l’absence de mots (malgré
l’ivresse de la journée) me dévore : je fuis sans un adieu, et retraverse
la ville à pied, retrouver un peu de sommeil et de paix…
Dimanche. Et de quatre ! Le réveil est de plus en plus dur, je tourne sur
les stands, à la recherche d’un bon café. Le second me voit enfin à peu
près en état de bosser. Je commence à suivre un atelier autour du
dynamisme de la société civile en Afrique de l’Ouest. Seules 10
participantes sont présentes, mais la présentation de la première
intervenante, qui revient d’un stage auprès du Mouvement Burkinabé pour
les Droits Humains et des Peuples est saisissant. Elle raconte la boutique
de droits, les succès et les difficultés d’un tel mouvement au Burkina
Faso. Bien que familier du mouvement, j’apprends des petites choses, mais
je n’ai pas la patience d’attendre le temps du débat, et m’en vais
rejoindre un autre atelier sur un thème bien proche, organisé par Alain et
William, autour du cas de l’exploitation de l’or à Sadiola, au Mali. Je
m’improvise porte-parole de Camille de Vitry, la réalisatrice du film
projetée, qui glace les participants (nombreux, la salle est pleine). Je
redécouvre le talent et le courage de Camille pour réaliser cette enquête,
j’en ressens la portée, profondément. Le débat est élargi à la
mobilisation générale, aux rôles des diasporas, et j’y évoque l’OREZ qui
essaye de fédérer les résistances.
J’avale un sandwich au soleil et cause avec deux communistes de la
révolution à Cuba et au Vénézuéla, avant de devoir décider entres les 6
ateliers passionnants qui se déroule au même moment à 14h ce dimanche
après-midi.
Faute de choisir, je vogue de l’un à l’autre, n’appréciant que rarement la
substance du débat, mais percevant l’ambiance générale qui se dégage de
tous ces travaux : « Les gauches en Amérique », « Crise du capitalisme :
repenser le développement et l’infléchir vers l’autocentrage progressiste
» animé par l’ami Aziz S. Fall du GRILA, qu’on avait déjà reçu à Paris.
Riche et enthousiasmant ! Je finis l’après-midi entre la grande conférence
sur le thème « La survie de l’humanité » autour d’Albert Jacquard et
d’autres grandes personnalités internationales. Passionnant, inquiétant,
magnifique, déprimant aussi… L’atelier pratique d’organisation d’un
tribunal des peuples sur l’industrie minière du Canada me remonte un peu
le moral, mais c’est ce diner Hamburger-Frites à « La Paryse », le
meilleur restaurant fast-food de la ville, qui fait juste face au CEGEP
qui finit de me redonner la patate !
Je rate tout de même 4 ateliers qui m’intéressaient vraiment : j’ai pas
suffisamment de « réseaux » à Montréal pour qu’on se partage le boulot et
les comptes-rendus, comme j’arrive souvent à le faire en Afrique.
La soirée de convergence du dimanche soir est aussi un semi-échec, la
plupart des réunions ne se tiennent pas. Les autres sont déjà trop
entamés, et je comate sur un canapé, ne sachant plus trop ou je suis ni
pourquoi. Au radar, mes jambes me ramènent à la maison, où la fatigue
m’emporte en quelques secondes…
Lundi matin. 5ème et dernier jour au FSQ.
Ce sont des nuits dans rêves, mais les réveils sont toujours féconds :
directs, soudains, les idées se bousculent dans ma tête. Je tends le bras
hors du lit, attrape un cahier, un crayon, et griffonne quelques idées qui
me serviront pour plus tard. Il est souvent 6h du matin – décalage horaire
oblige – et pas la peine de compter se rendormir après ça. 4h de sommeil
par nuit, c’est pas humain, mais l’adrénaline va encore me porter une
dernière journée…
Ce matin se forme « l’espace des revendications et des appels à l’action
collective ». En vérité, en dehors de rares interventions, chacun répéta
sa « petite » préoccupation ou passion personnelle, le tout s’apparentant
encore à un listing fastidieux des initiatives à rejoindre, plutôt que
d’adresser des préoccupations plus stratégiques…
Ce moment de partage se conclue tout de même sur un sympathique chant
mi-burlesque, mi-sérieux nous invitant à nous mettre « en marche », ce qui
fût fait aussitôt par les quelques 150 participants à cet échange,
rapidement rejoints par d’autres… Le cortège fit un paisible tour du
quartier quasiment désert en cette journée de thanks giving : ni actions,
ni slogans choc ne firent trembler les puissants, ce qui m’inspira dans un
moment de folie désespoir, un étonnant slogan : « Silence ! Silence ! Nous
marchons en silence ! » diversement apprécié par mes voisins de
manifestation…
De retour de la marche, un concert et des prises de paroles concluent ce
forum social, tandis que nous sommes un petit groupe à se réunir, avec
Samir d’Attac Togo, et des organisateurs du FSQ, dans un café coopératif
de la place. On continue la lutte, en mangeant, buvant, et se promettant
de se retrouver lors du Forum Social Mondial de Dakar en janvier 2011.
C’était un beau forum, et tous sortons grandis de cette aventure partagée…
jusqu'à la prochaine fois…
En soirée, invité chez des amis à dîner, j’apprends que la politique
d’expulsion des étrangers sans-papiers mené par le Canada est bien
similaire à celle que la France pratique. Mêmes résistances de ce côte de
l’Atlantique, mêmes silences de la majorité des bons citoyens, et des
esclaves-consentants, et la rage me gagne à nouveau.
Tout ça là, jusqu’à quand ?
Zoul
zoul@no-log.org
http://www.zoulstory.com
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