samedi 31 décembre 2011

Bonne année 2012


La crise s'est installée dans l'économie et quelque part la peur domine l'année à venir, contrairement à l'an 2000 où l'on percevait une grande inquiétude, à l'aube de 2012 c'est la peur qui prévaut. Nous ressentons que le monde que nous connaissons s'effondre et nos valeurs avec...

Dans l'adversité et la difficulté nous devons toujours conserver une lueur d'espoir et ne pas verser dans la haine ou le mépris, afin de pas nous altérer et continuer d'aimer et de vivre.

Bonne et heureuse année 2012, souhaitons la paix, la santé et l'amour.

mercredi 14 décembre 2011

AFRIQUE DE L’OUEST : DES MILLIONS DE PERSONNES RISQUENT DE VIVRE UNE CRISE ALIMENTAIRE GRAVE SI AUCUNE ACTION RAPIDE N’EST ENTREPRISE, SELON OXFAM

Des millions de personnes en Afrique de l’Ouest pourraient être sauvées d’une grave crise alimentaire si des actions de prévention à grande échelle étaient menées dans cette région, a déclaré Oxfam aujourd’hui.
Les premiers indicateurs disponibles soulignent les risques d’une crise alimentaire en 2012, avec des populations particulièrement à risque en Mauritanie, au Niger, au Burkina Faso, au Mali et au Tchad. C’est donc maintenant qu’il faut investir dans des mesures préventives, a indiqué l’organisation.
Les gouvernements de la région, qui ont déjà reconnu la gravité de la crise, devraient redoubler d’efforts pour s’assurer que les populations reçoivent de l’argent pour s’alimenter, de la nourriture pour leur bétail, et que l’aide alimentaire d’urgence soit disponible et prête a être distribuée. Pour Mamadou Biteye Directeur humanitaire d’Oxfam en Afrique de l’ouest, "la situation semble extrêmement préoccupante pour des millions de personnes en Afrique de l’Ouest, mais le pire peut encore être évité. La crise a été identifiée tôt, et nous savons qu’il existe des mesures simples et rentables qui peuvent être prises pour protéger les populations les plus vulnérables. Cette fois-ci, nous pouvons agir avant que l’urgence ne sévisse."
Les systèmes d’alerte précoce ont identifié une série de facteurs qui contribuent au déclenchement de cette crise. De faibles précipitations et des niveaux d’eau plutôt bas, des récoltes et des fourrages limités, une diminution des transferts de fonds des migrants, et les prix élevés des denrées alimentaires, concourent tous à causer de sérieuses difficultés. Sur la base des informations disponibles avec les systèmes d’alerte précoce, la production des céréales a chuté, en comparaison avec la moyenne des 5 dernières années. Le Tchad et la Mauritanie ont notamment des déficits de production agricole de plus de 50%, comparée à l’année écoulée. Les réserves nationales sont dangereusement basses, alors que les prix de certaines céréales clés sont 40% plus élevés que la moyenne des 5 dernières années.
Alors que les évaluations se poursuivent pour identifier les personnes les plus à risque,les premiers résultats montrent que 6 millions de personnes au Niger et 2,9 millions au Mali vivent dans des régions vulnérables à cette crise, alors qu’en Mauritanie un peu plus de 25% de la population, soit 700 000 habitants, sont à risque et pourraient être confrontés à une insécurité alimentaire sévère. Les données officielles du Burkina sont attendues bientôt, mais il est fait état de prés de 2 millions de personnes qui risquent d’être affectées. Au Tchad 13 régions sur 22 pourraient être concernées par l’insécurité alimentaire.
En 2010, la région du Sahel en Afrique de l’Ouest a connu une crise alimentaire majeure qui a frappé dix millions de personnes. Mamadou Biteye ajoute que "les populations se remettent encore de la dernière crise de 2010 et sont extrêmement vulnérables à tout nouveau choc, tels que la hausse des prix alimentaires, les mauvaises récoltes ou la perte de leurs animaux. Ces populations ont besoin d’aide maintenant pour renforcer leur résilience avant l’année prochaine".
Oxfam prépare des actions pour répondre immédiatement aux besoins des personnes les plus vulnérables. L’organisation travaille dans certaines zones affectées pour aider les populations à accroitre leur résilience face à la crise actuelle, et s’apprête aussi à fournir de l’assistance alimentaire. Par exemple en Mauritanie, dans la région de Gorgol, 1 300 femmes organisées en coopératives ont bénéficié de systèmes d’irrigation qui, grâce à une pompe, tire de l’eau d’une rivière jusqu’aux jardins potagers. Au Burkina Faso, Oxfam a déjà démarré une réponse humanitaire, avec le soutien de ECHO, pour aider prés de 50 000 personnes à accéder à la nourriture.
Alors qu’une réponse rapide à la prochaine crise est importante pour la protection des populations en 2012, Oxfam rappelle également que prévenir les prochaines crises nécessitera une action pour répondre aux causes profondes de ces crises et un soutien à long terme aux populations les plus pauvres dans une région où 300 000 enfants meurent de maladies liées à la malnutrition, même en temps dit "normal".
12 décembre 2011

jeudi 1 décembre 2011

La faim, une arme de destruction massive


Inlassablement, Jean Ziegler continue son combat contre les injustices internationales et l’exploitation des peuples du Sud.

35 ans après la publication de Une suisse au-dessus de tout soupçon, qui lui a valu de solides inimités et même des accusations d’avoir trahi son pays, après avoir écrit, entre autres, La haine de l’occident, etL’empire de la honte, il récidive avec le livre Destruction massive (éditions du Seuil), fruit de son expérience d’ancien rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation du Conseil des droits de l’homme de l’O.N.U, de 2000 à 2008.

On parle sans cesse d’armes de destruction massive. Mais la faim, qu’on associe peu à ce terme, en est une, diablement plus dangereuse. Cela est d’autant plus scandaleux que dans l'état actuel, les cultures mondiales pourraient nourrir sans problème 12 milliards d'êtres humains.

Néanmoins, le nombre de personnes gravement et en permanence sous-alimentées s'élevait en 2010 à 925 millions selon la Food and Agriculture Organization (FAO). Jean Ziegler reprend l’approche de Josué de Castro, qui avait publié Géopolitique de la faim et avait eu cette formule : « La moitié des Brésiliens ne dorment pas parce qu'ils ont faim. L'autre moitié ne dort plus car elle a peur de ceux qui ont faim. »
La nourriture représente 10 à 15 % du revenu familial occidental, 80 à 85 % pour les pauvres des pays du Sud.

Jean Ziegler n’y va pas par quatre chemins. Selon lui : « les trois cavaliers de l'apocalypse de la faim organisée sont l'OMC, le FMI et, dans une moindre mesure, la banque mondiale ». Il cite pour exemple, Haïti qui était autosuffisant en riz au début des années 80. Un tarif douanier de 30 % frappait le riz importé. Au cours des années 80, Haïti a subi des plans d'ajustement structurel du FMI, le tarif douanier fut ramené à 3 %. Fortement subventionné par Washington, le riz nord-américain envahit alors les villes et villages, détruisant la production nationale et l’existence sociale de centaines de milliers d'agriculteurs.

Autre exemple, au Niger, le FMI a ordonné la liquidation de l'Office national vétérinaire ouvrant le marché aux sociétés multinationales privées. Il a également demandé la dissolution des stocks de réserves détenues par l'État, 40 000 t de céréales qui pervertissaient le libre fonctionnement du marché.
Autres convoquées au rang des accusés : les grandes puissances. Au sommet de Gleneagles (2005), le G8 propose 50 milliards de dollars pour financer un plan d'action de lutte contre la misère en Afrique. Tony Blair en fait l'un des moments culminants de sa carrière politique. En 2010, on apprendra que 12 milliards seulement ont effectivement été versés. En 2011, le programme alimentaire mondial (PAM) évalue ses besoins incompressibles à 7 milliards de dollars, il en a reçu 2,7.

Ces sommes sont à mettre en parallèle avec les 1 700 milliards d'euros donnés aux banques.
Les multinationales ne sont bien sûr pas épargnées. Six sociétés concentrent 85 % du commerce mondial des céréales et huit se partagent 60 % des ventes mondiales de café, trois détiennent plus de 80 % des ventes de cacao et trois, 80 % du commerce des bananes.

Jean Ziegler propose des solutions. 50 $ suffisent pour envoyer un enfant à l'école pendant une année, comme cela a été testé en Éthiopie et au Bangladesh, l'alimentation scolaire venant parfois briser le cycle de la faim, de la pauvreté et de l'exploitation familiale.

Il propose également de lutter contre la spéculation en contraignant ceux qui achètent des matières premières agricoles à les livrer, et de limiter l’intervention des producteurs ou utilisateurs de ces matières premières sur les marchés.

Destruction massive, Jean Ziegler, éditions du Seuil, oct 2011, 352 pages


Pascal Boniface