Production, famines, crises alimentaires dans le monde, épidémies et les problèmes de santé publique sur les populations.
vendredi 20 novembre 2009
Le Pape appelle à «éliminer la faim dans le monde»
Benoît XVI (à droite) a rappelé que la communauté internationale avait le «devoir moral» d'agir pour enrayer la malnutrition qui touche désormais un milliard de personnes sur Terre (de dos à gauche, Jacques Diouf, le directeur-général de la FAO). Crédits photo : AP
Malgré le discours alarmiste de nombreux dirigeants, le sommet mondial de Rome pour la sécurité alimentaire n'a pas donné lieu à un accord sur des objectifs chiffrés.
La planète produit «assez pour nourrir tous ses habitants, aujourd'hui comme demain». La communauté internationale a le «devoir moral» d'agir pour mettre fin au spectacle du milliard d'êtres humains (un habitant sur six de la planète) souffrant de la faim et à la croissance «dramatique» de leur nombre (200 millions de plus en cinq ans).
Lundi, devant le Sommet mondial de l'alimentation qui se tient à Rome pendant trois jours, le Pape a lancé un appel vibrant pour «éliminer la faim de ce monde». «Même si la production agricole est faible dans certaines régions (…), elle est globalement suffisante pour satisfaire la demande actuelle comme celle qui est prévue à l'avenir», a déclaré Benoît XVI.
Le Saint-Père a dénoncé «la faiblesse des mécanismes actuels de sécurité alimentaire», l'inadéquation des marchés qui «rend plus vulnérable les pays les plus pauvres», les spéculations sur les denrées alimentaires qui ont doublé les cours des céréales depuis 2007 et les subventions à l'agriculture des pays riches qui «perturbent gravement les marchés». Il a invité à ne pas considérer la faim comme une «fatalité structurelle».
Ce constat, Luiz Inacio Lula da Silva le fait sien. Relevant que les pays riches ont consenti des centaines de milliards de dollars pour sauver leurs banques alors que «moins de la moitié suffirait à éradiquer la malnutrition», le président brésilien a déploré que la faim soit devenue «invisible» : «Beaucoup semblent avoir perdu la capacité de s'indigner.»
Ban Ki-moon a, pour sa part, mis l'accent sur le fait que «17 000 enfants meurent de faim chaque jour, 6 millions en un an» : «Les crises alimentaires d'aujourd'hui constituent une sonnette d'alarme pour demain», a poursuivi le secrétaire général de l'ONU en relevant que la Terre aura 9,1 milliards d'habitants en 2050 (contre 6 milliards aujourd'hui) et devra produire 70 % de vivres en plus. Il s'est dit «encouragé» par la prise de conscience en train de s'opérer : «Les pays ont mis la sécurité alimentaire en tête de leur agenda. Ils se sont engagés à débloquer davantage de ressources financières.» Comme les 20 milliards de dollars pour trois ans promis à l'Afrique lors du G8 de L'Aquila, en juillet dernier.
Les dirigeants du G8 absents
Quant à Hosni Moubarak, il a dénoncé le fait que l'agriculture ne reçoive plus que 5 % de l'aide publique au développement, contre 17 % dans les années 1980, «bien que 70 % de la population du tiers-monde vive à la campagne».
Le leader du Zimbabwe, Robert Mugabe, pourtant interdit de séjour en Europe, a suivi le sommet à la tête d'une délégation de 60 personnes, la FAO lui ayant délivré un sauf-conduit.
En marge du sommet, lors d'un forum de first ladies, Azam al-Sadat Farahi, l'épouse du leader iranien Mahmoud Ahmadinejad, en tchador et lunettes noires, dans son premier discours public, a dénoncé «l'exploitation mercantile des ressources et les politiques de réarmement» comme causes premières de la pauvreté dans le monde.
Le projet de déclaration finale s'abstient de tout engagement chiffré. Il en reste à des termes généraux : «soutenir les gouvernements de manière responsable», «améliorer les coordinations», «veiller à ce que le système multilatéral joue un rôle central». Et s'engage à «éradiquer la faim dans le monde», sans fixer de date butoir pour y parvenir.
Ce cinquième sommet sur la sécurité alimentaire en treize ans suscite l'indignation des ONG qui dénoncent collectivement «l'absence d'engagements concrets». Il a été marqué par la politique de la chaise vide des dirigeants du G8. Seule l'Italie qui accueillait la réunion était représentée par son chef du gouvernement, Silvio Berlusconi, qui, au passage, a échappé à la réouverture d'un procès prévue le même jour à Milan et reporté de ce fait au 18 janvier. Avant même son ouverture, des organisations humanitaires évoquaient à son sujet «une occasion manquée» et ce scepticisme s'est accru avec l'acceptation par les États-Unis et d'autres pays de repousser à 2010, voire au-delà, la conclusion d'un pacte contraignant sur le climat.
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