Production, famines, crises alimentaires dans le monde, épidémies et les problèmes de santé publique sur les populations.
vendredi 27 novembre 2009
Cyclones, faim et sans-abris à Haïti si les dirigeants mondiaux ne prennent aucune décision en matière de changement climatique – Oxfam
Le peuple d'Haïti, qui a survécu à l'instabilité politique, à l'insécurité alimentaire et à quatre cyclones l'an dernier, pourrait basculer si les dirigeants mondiaux ne prennent aucune décision pendant les négociations organisées par les Nations Unies sur le climat le mois prochain, avertit Oxfam aujourd'hui.
Dans un nouveau rapport daté d'aujourd'hui, Haïti : Une tempête qui s'annonce, l'agence internationale de développement démontre comment la sècheresse et des cyclones plus fréquents et plus violents mettent en danger la vie et les moyens de subsistance des gens qui essaient de joindre les deux bouts en dépit de tout.
Un an après que 4 cyclones se soient abattus sur l'île et affecté environ 900 000 personnes, les gens vivent encore dans des abris temporaires et dépendent de l'aide alimentaire. Les cyclones ont provoqué des dégâts évalués à 15 % du PIB, faisant dérailler la croissance économique.
Les modèles climatiques établis par les scientifiques prévoient que les cyclones vont devenir de plus en plus fréquents et violents. Haïti, qui se trouve sur le passage des cyclones dans les Caraïbes et qui est le pays le plus pauvre de l'hémisphère occidental, est le plus vulnérable à ce type de phénomène.
Le Directeur pays d'Oxfam à Haïti, Yolette Etienne, a déclaré : « Les dirigeants mondiaux qui participent aux négociations climatiques sous l'égide des Nations Unies à Copenhague ne doivent pas oublier qu'ils ne négocient pas seulement des chiffres et des objectifs, mais des vies. Le Niño de cette année a fait diminuer le nombre de cyclones, ce qui a représenté une bénédiction, car Haïti, profondément marqué par les cyclones de l'an dernier, aurait eu du mal à en surmonter d'autres. Cependant, il y en aura probablement davantage l'an prochain, l'île n'a pas encore récupéré et n'est pas en mesure d'assurer toute seule et de manière adéquate sa propre protection ».
Le communiqué montre à quel point le changement climatique est un ingrédient mortel qui s'ajoute au cocktail toxique haïtien : insécurité alimentaire, prix des aliments en forte hausse, pauvreté et déforestation massive. Plus de 98 % des arbres ont été coupés pour fabriquer du charbon de bois, provoquant des glissements de terrain sur les pentes dénudées en cas d'intempéries.
Les solutions que suggère Oxfam comprennent la reforestation et la diversification des variétés végétales, l'identification de combustibles alternatifs, la conscientisation de la population et l'aide aux communautés pour leur permettre de s'adapter et d'assurer leur propre protection contre les nouvelles tendances climatiques.
« Nous devons prêter attention à tous les aspects pour affronter les effets du changement climatique à Haïti, aussi bien sur le court terme que sur le long terme », a ajouté Etienne. « Nous avons besoin de l'appui international pour faire tout cela correctement et il doit débuter à Copenhague ».
«Les pays riches, qui sont les responsables du changement climatique, doivent assumer leurs responsabilités et s'engager à réduire leurs émissions et à financer l'adaptation au changement des pays en développement ».
# Fin #
Pour plus d'informations, veuillez contacter :
Yolette Etien, +(509) 262 2728 - yetienne@oxfamhaiti.org
Directeur, Oxfam Haití
Anne Van Schaik, +(52) 95 1133 6119 – avanschaik@oxfam.org.uk
Regional Advocacy Environmental and Climate Change Advisor.
Oxfam GB - Latin America and the Caribbean Regional Office.
Joaquín de la Torre, +(52 55) 5061 5670 – jdelatorre@oxfam.org.uk
Oficial de Comunicación para Latinoamérica y el Caribe
Centro Regional de Oxfam GB para Latinoamérica.
Accéder au rapport :
http://wordsandpictures.oxfam.org.uk/?c=6000&k=31cd5a20f6
Accéder aux photos :
http://wordsandpictures.oxfam.org.uk/?c=6000&k=31cd5a20f6
Notes aux rédacteurs :
- Quatre cyclones et tempêtes tropicales, Fay, Gustav, Hanna et Ike ont frappé Haïti l'an dernier en l'espace de quelques semaines. La zone la plus touchée a été Gonaïves, la troisième ville la plus peuplée d'Haïti, où 450 personnes, ensevelies sous des coulées de boue, sont mortes. Des centaines d'autres se sont trouvées sans abri et sans nourriture
- Près de 229 millions de dollars ont été perdus dans l'agriculture
- Actuellement, environ un tiers de la population souffre d'insécurité alimentaire
- Haïti importe déjà 40 % de son alimentation
- Le prix des denrées alimentaires a augmenté de 40 % l'an dernier.
La campagne sur le changement climatique d'Oxfam demande que :
- Les pays riches réduisent leurs émissions globales de 40 % sur la base du niveau de 1990 en 2020.
- Les pays riches consacrent 50 milliards de dollars par an au financement de l'adaptation pour permettre aux communautés de se protéger des effets du changement climatique.
- Les pays riches aident les pays en voie de développement à diminuer leurs propres émissions en engageant 100 milliards de dollars par an.
jeudi 26 novembre 2009
Haïti-pauvreté : Haïti frappée par une insécurité alimentaire chronique
"Une bonne tranche de la population d'Haïti vit dans une situation d'insécurité alimentaire "chronique élevée", estime le Programme alimentaire mondiale, PAM, un organisme des Nations-unies.
"La situation en Haïti est caractérisée par des carences alimentaires sévères, beaucoup de gens ne mangeant que des céréales", évalue Benoît Thiry directeur adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM) en Haïti.
Selon un rapport publié fin novembre par le Conseil national de la sécurité alimentaire (CSNA) haïtien, plus d'un Haïtien sur quatre est sous-alimenté, soit 1,8 million de personnes.
Après le passage des ouragans et tempêtes tropicales qui avaient durement frappé le pays en 2008, plus de 3 millions d'Haïtiens se trouvaient en situation d'insécurité alimentaire, mais une amélioration a été constatée depuis.
Si les chiffres ont baissé un peu entre 2008 et 2009 passant de plus de 3 millions à 1,8, "la population reste susceptible, au moindre choc, de basculer très rapidement dans une situation catastrophique", relève le fonctionnaire international.
Au cours de la dernière année, le programme alimentaire mondial a assisté des millions d'Haïtiens apportant des rations alimentaires quotidiennes à plus d'un tiers de la population, environ 9 millions d'habitants.
Les personnes les plus touchées par l'insécurité alimentaire sont les enfants et les femmes vivant en milieu rural, mais dans les bidonvilles de Port-au-Prince, PAM estime que 31% des ménages sont confrontés à l'insécurité alimentaire.
"C'est une grande partie de la force de travail d'Haïti qui peut-être affectée par cette situation", estime Martine Raphaël, nutritionniste du PAM en Haïti. Selon elle, une personne se trouvant en situation d'insécurité alimentaire ne fonctionne pas aux meilleurs de ses capacités et cela a un coût économique élevé pour le pays.
Face à cette situation, le programme alimentaire mondial a mis en place une série d'actions permettant de fournir un plat de nourriture chaque jour à plus de 500.000 écoliers, tandis que 100.000 femmes enceintes et allaitantes et 50.000 enfants de moins de 5 ans reçoivent des rations de la part de l'organisation.
Selon le directeur-adjoint du PAM pour sortir de sa situation de pauvreté, Haïti a besoin d'une assistance massive de la communauté internationale pendant une vingtaine d'années.
Haïti fait partie des 16 pays identifiés comme particulièrement vulnérables sur le plan économique dans un récent rapport publié par la FAO, l'agence de l'ONU pour l'Alimentation et l'Agriculture.
vendredi 20 novembre 2009
“La faim n’est pas une fatalité !”
Pour Olivier De Schutter, la faim dans le monde est le résultat d’une politique de sous-investissement dans « l’agriculture familiale ». A travers l’exemple du Brésil, il démontre qu’avec une politique volontariste, la situation peut s’améliorer. Juriste belge et professeur de droit international à l’université catholique de Louvain, Olivier De Schutter est rapporteur pour le droit à l’alimentation à l’ONU depuis mai 2008. Hier, il a accepté de nous répondre.
FRANCE-SOIR. Quels sont les pays les plus touchés par la famine ?
OLIVIER DE SCHUTTER. Aujourd’hui, 1,2 milliard de personnes souffrent de la faim à travers le monde. Les régions les plus touchées sont l’Afrique centrale, l’Amérique latine, avec notamment le Guatemala, et Haïti et l’Asie du Sud, qui compte, rien qu’en Inde, 230 millions de personnes souffrant de la faim. Mais la liste est très longue, une trentaine de pays se trouvent dans une situation de sous-alimentation.
Quels sont les différents facteurs qui rendent certaines régions plus vulnérables que d’autres ?
Tout d’abord, il faut distinguer la famine de l’insécurité alimentaire structurelle (la malnutrition). La famine est ponctuelle, le plus souvent due à des phénomènes météorologiques, comme cela a été le cas en Amérique centrale après le phénomène El Nino. Mais les catastrophes naturelles ne sont pas à elles seules la cause de ce chiffre catastrophique. La malnutrition en est le facteur principal. Elle est liée à des politiques de sous-investissement dans l’agriculture, et plus particulièrement l’agriculture familiale, considérée comme méprisable par l’Aide publique au développement (APD). Aujourd’hui, les conséquences sont dramatiques. Les petits paysans des pays en développement sont les plus touchés, alors qu’ils sont les plus nombreux. Le dumping agricole des pays développés participe également à la destruction des vivrières (NDLR : forme d’agriculture qui consiste à cultiver des produits essentiellement destinés à nourrir la population locale), les petits fermiers étant des centaines de fois moins compétitifs qu’un paysan européen. Autre facteur, la baisse de l’intervention des Etats dans la régulation des prix.
Existe-t-il des pays qui ont réussi à s’en sortir ?
L’exemple le plus remarquable est le Brésil. A son arrivée au pouvoir en 2003, Lula a mis la faim au centre de sa stratégie de développement du pays. Depuis, cette initiative est couronnée de succès. Il y a eu une baisse de 73 % de la malnutrition infantile. Lula soutient l’agriculture familiale en facilitant l’accès au crédit des petits agriculteurs. Il a également élaboré un programme consistant à équiper les villages de citernes. L’accès à l’eau facilité, c’est tout le processus agricole qui est dopé. Le Brésil est la preuve qu’un pays volontariste parvient à s’en sortir.
Une évolution favorable globale est donc possible ?
J’y crois, la faim n’est pas une fatalité ! C’est le résultat d’une politique mal conçue. Le marché mondial demande à ses fournisseurs une production toujours plus rapide. Les petits agriculteurs ne peuvent pas tenir la cadence. Pour reparler de notre exemple du Brésil, on s’aperçoit qu’il ne suffit pas seulement d’augmenter la production, car tous les producteurs ne sont pas en mesure de le faire. Comme on l’entend souvent, le problème n’est pas l’accès aux aliments, mais un manque de revenu. Il faut donc renforcer le pouvoir d’achat des fermiers les plus modestes, dont dépend la majorité des populations des pays en développement.
Propos recueillis par Laura Jaumouillé, le mardi 17 novembre 2009 à 04:00
FRANCE-SOIR. Quels sont les pays les plus touchés par la famine ?
OLIVIER DE SCHUTTER. Aujourd’hui, 1,2 milliard de personnes souffrent de la faim à travers le monde. Les régions les plus touchées sont l’Afrique centrale, l’Amérique latine, avec notamment le Guatemala, et Haïti et l’Asie du Sud, qui compte, rien qu’en Inde, 230 millions de personnes souffrant de la faim. Mais la liste est très longue, une trentaine de pays se trouvent dans une situation de sous-alimentation.
Quels sont les différents facteurs qui rendent certaines régions plus vulnérables que d’autres ?
Tout d’abord, il faut distinguer la famine de l’insécurité alimentaire structurelle (la malnutrition). La famine est ponctuelle, le plus souvent due à des phénomènes météorologiques, comme cela a été le cas en Amérique centrale après le phénomène El Nino. Mais les catastrophes naturelles ne sont pas à elles seules la cause de ce chiffre catastrophique. La malnutrition en est le facteur principal. Elle est liée à des politiques de sous-investissement dans l’agriculture, et plus particulièrement l’agriculture familiale, considérée comme méprisable par l’Aide publique au développement (APD). Aujourd’hui, les conséquences sont dramatiques. Les petits paysans des pays en développement sont les plus touchés, alors qu’ils sont les plus nombreux. Le dumping agricole des pays développés participe également à la destruction des vivrières (NDLR : forme d’agriculture qui consiste à cultiver des produits essentiellement destinés à nourrir la population locale), les petits fermiers étant des centaines de fois moins compétitifs qu’un paysan européen. Autre facteur, la baisse de l’intervention des Etats dans la régulation des prix.
Existe-t-il des pays qui ont réussi à s’en sortir ?
L’exemple le plus remarquable est le Brésil. A son arrivée au pouvoir en 2003, Lula a mis la faim au centre de sa stratégie de développement du pays. Depuis, cette initiative est couronnée de succès. Il y a eu une baisse de 73 % de la malnutrition infantile. Lula soutient l’agriculture familiale en facilitant l’accès au crédit des petits agriculteurs. Il a également élaboré un programme consistant à équiper les villages de citernes. L’accès à l’eau facilité, c’est tout le processus agricole qui est dopé. Le Brésil est la preuve qu’un pays volontariste parvient à s’en sortir.
Une évolution favorable globale est donc possible ?
J’y crois, la faim n’est pas une fatalité ! C’est le résultat d’une politique mal conçue. Le marché mondial demande à ses fournisseurs une production toujours plus rapide. Les petits agriculteurs ne peuvent pas tenir la cadence. Pour reparler de notre exemple du Brésil, on s’aperçoit qu’il ne suffit pas seulement d’augmenter la production, car tous les producteurs ne sont pas en mesure de le faire. Comme on l’entend souvent, le problème n’est pas l’accès aux aliments, mais un manque de revenu. Il faut donc renforcer le pouvoir d’achat des fermiers les plus modestes, dont dépend la majorité des populations des pays en développement.
Propos recueillis par Laura Jaumouillé, le mardi 17 novembre 2009 à 04:00
Le Pape appelle à «éliminer la faim dans le monde»
Benoît XVI (à droite) a rappelé que la communauté internationale avait le «devoir moral» d'agir pour enrayer la malnutrition qui touche désormais un milliard de personnes sur Terre (de dos à gauche, Jacques Diouf, le directeur-général de la FAO). Crédits photo : AP
Malgré le discours alarmiste de nombreux dirigeants, le sommet mondial de Rome pour la sécurité alimentaire n'a pas donné lieu à un accord sur des objectifs chiffrés.
La planète produit «assez pour nourrir tous ses habitants, aujourd'hui comme demain». La communauté internationale a le «devoir moral» d'agir pour mettre fin au spectacle du milliard d'êtres humains (un habitant sur six de la planète) souffrant de la faim et à la croissance «dramatique» de leur nombre (200 millions de plus en cinq ans).
Lundi, devant le Sommet mondial de l'alimentation qui se tient à Rome pendant trois jours, le Pape a lancé un appel vibrant pour «éliminer la faim de ce monde». «Même si la production agricole est faible dans certaines régions (…), elle est globalement suffisante pour satisfaire la demande actuelle comme celle qui est prévue à l'avenir», a déclaré Benoît XVI.
Le Saint-Père a dénoncé «la faiblesse des mécanismes actuels de sécurité alimentaire», l'inadéquation des marchés qui «rend plus vulnérable les pays les plus pauvres», les spéculations sur les denrées alimentaires qui ont doublé les cours des céréales depuis 2007 et les subventions à l'agriculture des pays riches qui «perturbent gravement les marchés». Il a invité à ne pas considérer la faim comme une «fatalité structurelle».
Ce constat, Luiz Inacio Lula da Silva le fait sien. Relevant que les pays riches ont consenti des centaines de milliards de dollars pour sauver leurs banques alors que «moins de la moitié suffirait à éradiquer la malnutrition», le président brésilien a déploré que la faim soit devenue «invisible» : «Beaucoup semblent avoir perdu la capacité de s'indigner.»
Ban Ki-moon a, pour sa part, mis l'accent sur le fait que «17 000 enfants meurent de faim chaque jour, 6 millions en un an» : «Les crises alimentaires d'aujourd'hui constituent une sonnette d'alarme pour demain», a poursuivi le secrétaire général de l'ONU en relevant que la Terre aura 9,1 milliards d'habitants en 2050 (contre 6 milliards aujourd'hui) et devra produire 70 % de vivres en plus. Il s'est dit «encouragé» par la prise de conscience en train de s'opérer : «Les pays ont mis la sécurité alimentaire en tête de leur agenda. Ils se sont engagés à débloquer davantage de ressources financières.» Comme les 20 milliards de dollars pour trois ans promis à l'Afrique lors du G8 de L'Aquila, en juillet dernier.
Les dirigeants du G8 absents
Quant à Hosni Moubarak, il a dénoncé le fait que l'agriculture ne reçoive plus que 5 % de l'aide publique au développement, contre 17 % dans les années 1980, «bien que 70 % de la population du tiers-monde vive à la campagne».
Le leader du Zimbabwe, Robert Mugabe, pourtant interdit de séjour en Europe, a suivi le sommet à la tête d'une délégation de 60 personnes, la FAO lui ayant délivré un sauf-conduit.
En marge du sommet, lors d'un forum de first ladies, Azam al-Sadat Farahi, l'épouse du leader iranien Mahmoud Ahmadinejad, en tchador et lunettes noires, dans son premier discours public, a dénoncé «l'exploitation mercantile des ressources et les politiques de réarmement» comme causes premières de la pauvreté dans le monde.
Le projet de déclaration finale s'abstient de tout engagement chiffré. Il en reste à des termes généraux : «soutenir les gouvernements de manière responsable», «améliorer les coordinations», «veiller à ce que le système multilatéral joue un rôle central». Et s'engage à «éradiquer la faim dans le monde», sans fixer de date butoir pour y parvenir.
Ce cinquième sommet sur la sécurité alimentaire en treize ans suscite l'indignation des ONG qui dénoncent collectivement «l'absence d'engagements concrets». Il a été marqué par la politique de la chaise vide des dirigeants du G8. Seule l'Italie qui accueillait la réunion était représentée par son chef du gouvernement, Silvio Berlusconi, qui, au passage, a échappé à la réouverture d'un procès prévue le même jour à Milan et reporté de ce fait au 18 janvier. Avant même son ouverture, des organisations humanitaires évoquaient à son sujet «une occasion manquée» et ce scepticisme s'est accru avec l'acceptation par les États-Unis et d'autres pays de repousser à 2010, voire au-delà, la conclusion d'un pacte contraignant sur le climat.
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En Corée du Nord, un déficit alimentaire chronique
Sur des charrettes à bras, dans des hottes à dos d'homme ou de femme, dans les bennes de camion et jusque dans un vieil autobus affrété pour l'occasion, les choux et les navets transitent sans relâche à travers la ville pour être entassés sur les balcons ou déchargés en monceaux dans les cours d'immeuble. En Corée du Nord, novembre est la saison du kimchi - condiment à base de choux et de navets fermentés et macérés avec des piments -, symbole de la cuisine locale. Les femmes, accroupies, s'affairent à effeuiller les choux, à peler et à couper les navets, brassés ensuite dans des bassines avec sel, piment et ail avant d'être placés dans des grandes jarres de terre brunes pour l'hiver.
A Pyongyang, vitrine du pays, les marchés sont fournis en denrées alimentaires et en produits de consommation venus de Chine. Soucieux de contrôler une économie de marché qui a fleuri depuis dix ans, le régime réprime ces activités "capitalistes", sans toutefois les étouffer. Mais, en dépit de l'apparente stabilité des conditions de vie dans la capitale, qui doit être nourrie en priorité, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) connaît cette année encore une pénurie alimentaire, plus ou moins grave selon les régions, mais dramatique pour les plus isolées, situées dans le centre du pays.
Officiellement, la production de céréales s'élèverait à 5 millions de tonnes - soit 7 % de plus qu'en 2008 -, permettant une alimentation de subsistance aux 23 millions d'habitants, victimes, au milieu des années 1990, d'une dramatique famine (qui fit de 600 000 à 1 million de morts).
Mais les experts agricoles étrangers présents sur place sont sceptiques : en l'absence d'une évaluation indépendante - comme celle réalisée en 2008 par le Programme alimentaire mondial (PAM) et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui concluaient à un déficit de 800 000 tonnes -, ils sont réduits aux conjectures.
En 2008, la RPDC avait bénéficié de facteurs positifs : conditions climatiques favorables et engrais. Cette année, le climat a été moins favorable et la Corée du Sud n'a pas fourni les 300 000 tonnes d'engrais attendues, en raison du raidissement de Séoul, qui exige des progrès sur la question nucléaire pour poursuivre son assistance. En 2009, le déficit alimentaire devrait être comparable à celui de 2008. Mais le tarissement de l'assistance internationale risque d'aggraver la pénurie.
Dès le printemps, le PAM a "tiré la sonnette d'alarme", demandant une aide de 500 millions de dollars (335 millions d'euros) destinée à nourrir un tiers de la population. En novembre, il n'avait reçu que 20 % du montant réclamé. Alors que la Somalie, le Soudan ou le Myanmar (Birmanie) - dont les images à l'étranger ne sont guère positives - bénéficient de l'assistance internationale, la RPDC est si diabolisée que les donateurs se détournent. Bien que les sanctions prises à son encontre, en juin, par le Conseil de sécurité des Nations unies, à la suite de son deuxième essai nucléaire et ses tirs de missiles, n'affectent théoriquement pas l'aide humanitaire, c'est en réalité le cas.
La RPDC se trouve, de fait, sur une liste noire de l'aide humanitaire. Celle-ci arrive, mais avec parcimonie, et la population en est la principale victime. En 2009, l'assistance la plus substantielle provient de la Chine, qui applique les sanctions internationales, mais mène parallèlement une politique destinée à garantir la stabilité du régime, en le maintenant sous perfusion. Depuis quelques mois, Pékin ne publie plus de statistiques sur ses échanges avec la RPDC et l'on ignore le montant de son assistance.
Certains experts étrangers font valoir que la situation alimentaire est préoccupante, mais que l'alarmisme n'est pas de mise : une partie des récoltes (cultures sur les pentes, jardinets) échappe aux statistiques officielles et pallie jusqu'à un certain point la pénurie en alimentant les marchés parallèles.
Dans un pays montagneux où les terres arables sont rares (elles représentent 20 % de la superficie) et les hivers sibériens, l'effort humain consenti par la population est immense. Dans des régions telles que le Pyongan du sud, grenier à riz du pays, le vert tendre des rizières s'étendait cet été à perte de vue, alternant avec les champs de maïs. La moindre parcelle de terre était cultivée : du soja pousse sur les talus des rizières et les plantations s'arrêtaient à la lisière des routes pour grimper à l'assaut des collines. L'animal de trait pallie une mécanisation inexistante ; le repiquage et les moissons se font à la main.
Plus que la quantité de la production agricole, c'est la situation nutritionnelle de la population qui est inquiétante, notamment le manque de protéines. Selon les estimations des Nations unies, la malnutrition touche 23 % des enfants de moins de 5 ans ; un tiers des femmes enceintes sont sous-alimentées (leur poids ne dépassant guère 45 kg) et donnent naissance à des bébés au système immunologique affaibli.
En outre, en raison de l'insuffisance des engrais chimiques, l'agriculture nord-coréenne recourt depuis deux ans aux effluents humains et animaux, avec les risques sanitaires que cela comporte. "Nous assistons à un phénomène cumulatif de sous-alimentation chronique depuis quinze à vingt ans, qui passe d'une génération à l'autre et se traduit par une tragédie au ralenti", estime Torben Due, représentant du PAM à Pyongyang.
La pénurie alimentaire chronique de la RPDC entraîne une détérioration de l'état de santé de la population à laquelle ne peut faire face un système hospitalier aujourd'hui tragiquement dénué de moyens : équipements, désinfectants, anesthésiants, médicaments...
Philippe Pons
A Pyongyang, vitrine du pays, les marchés sont fournis en denrées alimentaires et en produits de consommation venus de Chine. Soucieux de contrôler une économie de marché qui a fleuri depuis dix ans, le régime réprime ces activités "capitalistes", sans toutefois les étouffer. Mais, en dépit de l'apparente stabilité des conditions de vie dans la capitale, qui doit être nourrie en priorité, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) connaît cette année encore une pénurie alimentaire, plus ou moins grave selon les régions, mais dramatique pour les plus isolées, situées dans le centre du pays.
Officiellement, la production de céréales s'élèverait à 5 millions de tonnes - soit 7 % de plus qu'en 2008 -, permettant une alimentation de subsistance aux 23 millions d'habitants, victimes, au milieu des années 1990, d'une dramatique famine (qui fit de 600 000 à 1 million de morts).
Mais les experts agricoles étrangers présents sur place sont sceptiques : en l'absence d'une évaluation indépendante - comme celle réalisée en 2008 par le Programme alimentaire mondial (PAM) et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui concluaient à un déficit de 800 000 tonnes -, ils sont réduits aux conjectures.
En 2008, la RPDC avait bénéficié de facteurs positifs : conditions climatiques favorables et engrais. Cette année, le climat a été moins favorable et la Corée du Sud n'a pas fourni les 300 000 tonnes d'engrais attendues, en raison du raidissement de Séoul, qui exige des progrès sur la question nucléaire pour poursuivre son assistance. En 2009, le déficit alimentaire devrait être comparable à celui de 2008. Mais le tarissement de l'assistance internationale risque d'aggraver la pénurie.
Dès le printemps, le PAM a "tiré la sonnette d'alarme", demandant une aide de 500 millions de dollars (335 millions d'euros) destinée à nourrir un tiers de la population. En novembre, il n'avait reçu que 20 % du montant réclamé. Alors que la Somalie, le Soudan ou le Myanmar (Birmanie) - dont les images à l'étranger ne sont guère positives - bénéficient de l'assistance internationale, la RPDC est si diabolisée que les donateurs se détournent. Bien que les sanctions prises à son encontre, en juin, par le Conseil de sécurité des Nations unies, à la suite de son deuxième essai nucléaire et ses tirs de missiles, n'affectent théoriquement pas l'aide humanitaire, c'est en réalité le cas.
La RPDC se trouve, de fait, sur une liste noire de l'aide humanitaire. Celle-ci arrive, mais avec parcimonie, et la population en est la principale victime. En 2009, l'assistance la plus substantielle provient de la Chine, qui applique les sanctions internationales, mais mène parallèlement une politique destinée à garantir la stabilité du régime, en le maintenant sous perfusion. Depuis quelques mois, Pékin ne publie plus de statistiques sur ses échanges avec la RPDC et l'on ignore le montant de son assistance.
Certains experts étrangers font valoir que la situation alimentaire est préoccupante, mais que l'alarmisme n'est pas de mise : une partie des récoltes (cultures sur les pentes, jardinets) échappe aux statistiques officielles et pallie jusqu'à un certain point la pénurie en alimentant les marchés parallèles.
Dans un pays montagneux où les terres arables sont rares (elles représentent 20 % de la superficie) et les hivers sibériens, l'effort humain consenti par la population est immense. Dans des régions telles que le Pyongan du sud, grenier à riz du pays, le vert tendre des rizières s'étendait cet été à perte de vue, alternant avec les champs de maïs. La moindre parcelle de terre était cultivée : du soja pousse sur les talus des rizières et les plantations s'arrêtaient à la lisière des routes pour grimper à l'assaut des collines. L'animal de trait pallie une mécanisation inexistante ; le repiquage et les moissons se font à la main.
Plus que la quantité de la production agricole, c'est la situation nutritionnelle de la population qui est inquiétante, notamment le manque de protéines. Selon les estimations des Nations unies, la malnutrition touche 23 % des enfants de moins de 5 ans ; un tiers des femmes enceintes sont sous-alimentées (leur poids ne dépassant guère 45 kg) et donnent naissance à des bébés au système immunologique affaibli.
En outre, en raison de l'insuffisance des engrais chimiques, l'agriculture nord-coréenne recourt depuis deux ans aux effluents humains et animaux, avec les risques sanitaires que cela comporte. "Nous assistons à un phénomène cumulatif de sous-alimentation chronique depuis quinze à vingt ans, qui passe d'une génération à l'autre et se traduit par une tragédie au ralenti", estime Torben Due, représentant du PAM à Pyongyang.
La pénurie alimentaire chronique de la RPDC entraîne une détérioration de l'état de santé de la population à laquelle ne peut faire face un système hospitalier aujourd'hui tragiquement dénué de moyens : équipements, désinfectants, anesthésiants, médicaments...
Philippe Pons
USA : Un américain sur sept a souffert de la faim en 2008
Près de 49 millions d'Américains, soit 14,6 pc de la population du pays, ont souffert d'insécurité alimentaire en 2008, rapporte le Département de l'agriculture américain dans un rapport publié lundi.
Selon ce rapport, réalisé par l'Agence américaine de commerce et de développement (USTDA), la prévalence de l'insécurité alimentaire au sein des foyers américains à augmenté de 11,1 pc en 2008.
Le nombre des ménages souffrant d'insécurité alimentaire sévère a presque doublé (+43 pc), passant de 4,7 millions en 2007 à 6,7 millions en 2008, poursuit la même source, notant qu'environ un tiers des ménages, souffrant d'insécurité alimentaire, ont probablement connu la faim.
Près de 17 millions de ménages ont connu une pénurie d'aliments au moins une fois au cours de l'année précédente contre 13 millions en 2007, soit une hausse de 31 pc, ajoute ce rapport, précisant que les ménages afro-américains et hispaniques, les familles monoparentales et les Etats du sud ont été les plus touchés par le phénomène de l'insécurité alimentaire.
MAP
Selon ce rapport, réalisé par l'Agence américaine de commerce et de développement (USTDA), la prévalence de l'insécurité alimentaire au sein des foyers américains à augmenté de 11,1 pc en 2008.
Le nombre des ménages souffrant d'insécurité alimentaire sévère a presque doublé (+43 pc), passant de 4,7 millions en 2007 à 6,7 millions en 2008, poursuit la même source, notant qu'environ un tiers des ménages, souffrant d'insécurité alimentaire, ont probablement connu la faim.
Près de 17 millions de ménages ont connu une pénurie d'aliments au moins une fois au cours de l'année précédente contre 13 millions en 2007, soit une hausse de 31 pc, ajoute ce rapport, précisant que les ménages afro-américains et hispaniques, les familles monoparentales et les Etats du sud ont été les plus touchés par le phénomène de l'insécurité alimentaire.
MAP
jeudi 12 novembre 2009
Leaders urged to salvage UN World Food Summit as hopes for action on hunger fade
Monday’s UN World Food Summit in Rome (16-18th) could be a waste of time and money unless world leaders intervene now to salvage it. International agencies ActionAid and Oxfam say governments are at risk of throwing away a great chance to stop more than one billion people going hungry.
The current declaration finalized Tuesday night (10th) says little new. Meanwhile, this summer’s G8 pledge of $20 billion to tackle hunger appears to have been grossly overstated. The new money amounts to little more than a one-off payment of around $3 for each hungry person – barely enough for a single hot meal.
“The declaration is just a rehash of old platitudes,” said Francisco Sarmento, ActionAid’s food rights coordinator. “It says hunger will be halved by 2015 but fails to commit any new resources to achieve this or provide any way of holding governments to account through the UN’s Committee on Food Security. Unfortunately the poor cannot eat promises“.
"ActionAid appreciates Pope Benedict XVI’s attendance at the Summit but frankly he needs to pray for a miracle if the G8 can only find $3 billion in new money to solve world hunger,” said Sarmento. “That is less than Goldman Sach’s $3.2 billion profit announced on the eve of World Food Day.
“Currently, many rich countries seem intent on trying to increase food production by simply pushing for more chemical fertilizers and new technologies, particularly in Africa . This could offer some poor farmers short-term relief but it is not the answer to the structural problems behind world hunger, nor is it sustainable. It will simply condemn the developing world to a future of repetitive food crises and more environmental degradation,” said Oxfam spokesperson Frederic Mousseau.
“Instead we need more investment in better policies, institutions, services and training to encourage sustainable farming adapted to local agro-ecological environments. Smallholder farmers, mostly women, are on the frontline in the fight against world poverty, hunger and climate change and we must not continue to ignore them,” said Mousseau.
The summit is also largely ignoring other vulnerable groups, such as landless farmers and the urban poor who are in desperate need of long-term social protection and livelihood support as an alternative to short-term food aid.
“Rich countries are failing to show enough interest and urgency. At the G8 in Italy this summer they pledged $20 billion for agricultural over three years, so they believe they have done enough. They haven’t – and the $20 billion is a mirage. Less than a quarter of this money is new. The UN itself says that $25-$40 billion in public spending is needed each year just to keep up progress towards achieving the first Millennium Development Goal to halve hunger by 2015,” Mousseau said.
The agencies say that developing countries must also play a bigger role in the summit by committing to spend 10% of their agricultural budgets and focus their plans to reach the poor and hungry. Oxfam and ActionAid say, at a minimum, this UN World Food Summit must:
* Endorse and fund a reformed UN Committee on World Food Security as the central high level political platform for food security;
* Increase public support for sustainable production by smallholder farmers and social protection in developing countries to fight poverty and hunger and to build resilience to harmful climate change.
* Agree at least a $40-billion- a-year rescue of the Millennium Development Goal to halve global hunger and turn it into country-specific commitments, with proper plans and resources for food security and rural development focusing particularly on smallholder farmers.
ENDS
The current declaration finalized Tuesday night (10th) says little new. Meanwhile, this summer’s G8 pledge of $20 billion to tackle hunger appears to have been grossly overstated. The new money amounts to little more than a one-off payment of around $3 for each hungry person – barely enough for a single hot meal.
“The declaration is just a rehash of old platitudes,” said Francisco Sarmento, ActionAid’s food rights coordinator. “It says hunger will be halved by 2015 but fails to commit any new resources to achieve this or provide any way of holding governments to account through the UN’s Committee on Food Security. Unfortunately the poor cannot eat promises“.
"ActionAid appreciates Pope Benedict XVI’s attendance at the Summit but frankly he needs to pray for a miracle if the G8 can only find $3 billion in new money to solve world hunger,” said Sarmento. “That is less than Goldman Sach’s $3.2 billion profit announced on the eve of World Food Day.
“Currently, many rich countries seem intent on trying to increase food production by simply pushing for more chemical fertilizers and new technologies, particularly in Africa . This could offer some poor farmers short-term relief but it is not the answer to the structural problems behind world hunger, nor is it sustainable. It will simply condemn the developing world to a future of repetitive food crises and more environmental degradation,” said Oxfam spokesperson Frederic Mousseau.
“Instead we need more investment in better policies, institutions, services and training to encourage sustainable farming adapted to local agro-ecological environments. Smallholder farmers, mostly women, are on the frontline in the fight against world poverty, hunger and climate change and we must not continue to ignore them,” said Mousseau.
The summit is also largely ignoring other vulnerable groups, such as landless farmers and the urban poor who are in desperate need of long-term social protection and livelihood support as an alternative to short-term food aid.
“Rich countries are failing to show enough interest and urgency. At the G8 in Italy this summer they pledged $20 billion for agricultural over three years, so they believe they have done enough. They haven’t – and the $20 billion is a mirage. Less than a quarter of this money is new. The UN itself says that $25-$40 billion in public spending is needed each year just to keep up progress towards achieving the first Millennium Development Goal to halve hunger by 2015,” Mousseau said.
The agencies say that developing countries must also play a bigger role in the summit by committing to spend 10% of their agricultural budgets and focus their plans to reach the poor and hungry. Oxfam and ActionAid say, at a minimum, this UN World Food Summit must:
* Endorse and fund a reformed UN Committee on World Food Security as the central high level political platform for food security;
* Increase public support for sustainable production by smallholder farmers and social protection in developing countries to fight poverty and hunger and to build resilience to harmful climate change.
* Agree at least a $40-billion- a-year rescue of the Millennium Development Goal to halve global hunger and turn it into country-specific commitments, with proper plans and resources for food security and rural development focusing particularly on smallholder farmers.
ENDS
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