La FAO s'inquiète de la flambée des cours du blé sur les marchés mondiaux. La sécurité alimentaire des pays pauvres pourrait être menacée.
Le premier ministre russe, Vladimir Poutine, a annoncé jeudi 6 août que le gouvernement pourrait revoir sa décision concernant l'embargo sur les exportations de blé. L'annonce de cette mesure a fait flamber les cours du blé sur les marchés mondiaux, la Russie en étant le troisième exportateur mondial.
Le "cheptel russe" d'abord
C'est pour éviter une pénurie et une inflation des prix intérieurs que le Premier ministre russe a interdit l'exportation du blé et de ses produits dérivés jusqu'à la fin de l'année. A cause de la sécheresse et des incendies qui ravagent la Russie, 20% des récoltes ont été détruites, soit près de 20 millions de tonnes de blé. "En raison des températures anormalement hautes et de la sécheresse, j'estime justifié d'instaurer un embargo temporaire sur les exportations de Russie de blé et de produits agroalimentaires dérivés", avait déclaré Vladimir Poutine.
Les céréales du fond d'intervention russe seront attribuées sans enchères aux régions dans le besoin. Une aide de 35 milliards de roubles (900 millions d'euros) a été débloquée pour venir en aide aux agriculteurs les plus touchés. Dix seront accordés sans contrepartie tandis que les vingt-cinq autres feront l'objet de crédits à des taux avantageux.
Une situation "sérieuse"
Abdolreza Abbassian, économiste et membre de la FAO a immédiatement fait part de ses inquiétudes. La décision russe "représente un élément d'instabilité sur le marché" des céréales et "une situation qui n'était pas grave est devenue maintenant sérieuse", a-t-il déclaré.
L'embargo a provoqué une flambée des cours du blé sur les marchés mondiaux. Hier, le prix de la tonne de blé a grimpé jusqu'à 230 euros, son niveau le plus élevé depuis deux ans et demi après avoir déjà connu une augmentation de 40% en juillet. Une hausse suffisante pour "interrompre le commerce" international des céréales provisoirement, d'après la FAO. Une nouvelle augmentation ou un maintient des prix élevés sur une longue durée pourrait causer de nouveaux problèmes de santé. En 2007-2008, la hausse des prix des produits alimentaires avait provoqué des émeutes de la faim en Egypte, au Maroc, en Indonésie, aux Philippines et à Haïti.
Des stocks suffisants
La FAO a revu à la baisse les prévisions de production mondiale de blé pour 2010. Elles sont passées à 651 millions de tonnes contre les 676 millions annoncés au mois de juin. Elle s'est tout de même voulue rassurante en rappelant que les réserves restent élevées. "Après deux années consécutives de récoltes record, les stocks mondiaux ont été suffisamment reconstitués pour couvrir le déficit prévu de la production actuelle" a souligné la FAO dans un communiqué.
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