mercredi 16 février 2011

Prix alimentaires : 44 millions de personnes ont basculé dans l'extrême

Conséquence dramatique de la flambée des prix alimentaires, 44 millions de personnes dans le monde sont tombées entre juin et décembre sous le seuil de l'extrême pauvreté, a alerté, mardi 15 février, la Banque mondiale. L'institution a réalisé cette estimation grâce à des statistiques sur les revenus et dépenses des ménages réalisées dans les pays à revenus bas à moyens. Le seuil de l'extrême pauvreté est défini par des dépenses de 1,25 dollar par jour et par personne. D'après les dernières estimations en date de la Banque mondiale, 1,2 milliard de personnes dans le monde se trouvent sous ce seuil.
"Les prix de l'alimentation continuent à augmenter dans le monde. L'indice des prix alimentaires de la Banque mondiale a augmenté de 15 % entre octobre 2010 et janvier 2011, et n'est que 3 % en dessous de son pic de 2008", a indiqué l'institution dans un communiqué. "Les six derniers mois ont vu des hausses marquées des cours mondiaux du blé, du maïs, du sucre et des huiles alimentaires, et une hausse relativement moins forte de ceux du riz", a-t-elle détaillé. Ces hausses enrichissent des agriculteurs et certains pays exportateurs. Mais pour la Banque mondiale, leur effet sur l'ensemble de la population de la planète est négatif : elles n'ont sorti que 24 millions de personnes de l'extrême pauvreté, tandis qu'elles y plongeaient 68 millions d'autres.
RISQUES D'INSTABILITÉ POLITIQUE
Le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, a affirmé, à trois jours d'une réunion des ministres des finances du G20 à Paris, que ces chiffres soulignaient"la nécessité pour le G20 de faire passer la question de l'alimentation avant tout"."Cette année s'annonce très dure pour ceux qui souffrent de malnutrition chronique", et "même si elle n'est pas la première cause de l'instabilité politique que l'on voit aujourd'hui en Afrique du Nord, au Proche et au Moyen-Orient, l'augmentation des prix a néanmoins été un facteur aggravant qui pourrait devenir encore plus préocuppant", a-t-il souligné.
Les prix de l'alimentation s'étaient déjà emballés au premier semestre 2008. D'après la Banque mondiale, ils ne sont aujourd'hui plus qu'à 3 % du pic observé à l'été 2008. Dans un article publié en décembre 2008, les économistes de l'institution estimaient alors que 105 millions de personnes avaient été poussées sous le seuil d'extrême pauvreté, fixé à l'époque à 1 dollar par jour et par personne.
Pour en savoir plus :
  • Consulter l'infographie du Monde.fr sur les risques de crise alimentaire


dimanche 13 février 2011

Haïti - Agriculture : Perspective sur la sécurité alimentaire 2011


Le Réseau de Systèmes d’Alerte Précoce contre la Famine (CNSA) explique dans son dernier rapport, que Le séisme de janvier 2010, l’apparition de l’épidémie du choléra suivie du passage de l’ouragan Tomas ont affecté négativement les conditions de sécurité alimentaire des ménages des zones touchées. De plus, les acteurs économiques sont réticents à prendre des risques dans le contexte d’incertitude politique actuelle. L’année 2010 s’est achevée avec une contraction économique estimée à 5.1 % selon l'Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique (IHSI). Le secteur agricole, qui représente ± 25 % du produit intérieur brut, n’a progressé que de 0.03 %.

Le niveau actuel des prix des produits alimentaires, notamment le riz, dépasse celui de l’année 2008. Avec des variations moyennes annuelles de près de 10 % et 11 %, le riz local et le haricot rouge, sont les produits dont le prix a le plus varié. Ces prix ont progressé pour atteindre leur niveau post-séisme, où en moins d’un mois ils se vendaient à 15‐20 % plus chers par rapport à décembre 2009. La hausse des prix aura des impacts négatifs sur la sécurité alimentaire des ménages pauvres qui, pour se nourrir, s’approvisionnent d’ordinaire sur le marché.

Janvier-mars est la période où les prix des produits alimentaires afficheront une nette tendance à la hausse. Selon la moyenne quinquennale, calculée sur les marchés de référence entre janvier et mai, les prix du haricot noir augmentent d’environ 12 %, ceux du riz d’environ 5% et ceux de la farine de maïs de 15 à 20 %.


La zone métropolitaine de Port‐au‐Prince :
80 % de l’argent en circulation en Haïti se trouve dans la zone métropolitaine de Port‐au‐Prince. Aussi, les ménages pauvres et très pauvres, notamment ceux vivant dans les bidonvilles et les camps, dépendent presque entièrement du marché comme source d’alimentation et de main d’œuvre. Ces ménages sont hautement vulnérables aux fluctuations à la hausse des prix. Près du tiers de la population de la zone métropolitaine, soit 900,000 personnes, était estimé en insécurité alimentaire en juin 2010. Mais depuis octobre les conditions de sécurité alimentaire tendent à se détériorer avec le choléra et le passage de l’ouragan Tomas.

A la mi-janvier 2011, la plupart des produits alimentaires de base ont affiché des prix supérieurs à ceux de 2010 pour la même période. Par exemple, le prix du riz est d’environ 38 % plus élevé que la moyenne quinquennale et environ 27 % plus élevé que janvier 2008. Les produits provenant des zones affectées par l’ouragan Tomas, notamment les ignames et la banane, ont suivi la même tendance du fait de la faible production.

La Vallée de l’Artibonite et le Bas Plateau Central
Selon l’étude réalisée par la CNSA sur l’influence du choléra sur la sécurité alimentaire, on observe une baisse de près de 30 % par rapport à la moyenne de l’offre de la main‐d’œuvre dans la Vallée de l’Artibonite et dans les aires irriguées dans le Plateau Central. Entre 10 à 15 % de la récolte du riz n’a pas pu avoir lieu par manque de travailleurs. On constate également une baisse dans la demande des produits provenant de la Vallée, particulièrement les produits maraichers. Devant l’augmentation du coût de production, liée à la rareté de la main-d’œuvre et la baisse de la demande des produits agricoles provenant de l’Artibonite, les producteurs réduisent la quantité de terres cultivées. La superficie emblavée en décembre/janvier pour la saison d’hiver est inférieure de près de 30 % par rapport à la superficie exploitée lors de la saison antérieure.

Les ménages pauvres de la zone qui répondront à la baisse de la demande des produits de l’Artibonite en recherchant des opportunités de main d’œuvre agricole locale au lieu de production propre, auront assez de revenu pour satisfaire leurs besoins alimentaires. Les autres ménages pauvres auront besoin d’aide en vue de satisfaire leurs besoins nutritionnels. Il est probable, dans ces conditions, d’atteindre un niveau de malnutrition supérieur à la moyenne saisonnière surtout entre mars et mai.

La péninsule du Sud
Le Cyclone Tomas, outre l’infrastructure, a affectés l’agriculture et la pêche. Le nombre de personnes pratiquant ces activités est estimé à 452,255, soit ± 40 % de la population, notamment dans les communes de Chardonnière, des Anglais et de Tiburon dans le département du Sud et celles des Irois et de Dame Marie dans la Grand Anse.

Les pauvres et les très pauvres qui représentent plus de 50 % de la population vivent des activités agricoles. Ils achètent presque 80 % de leur nourriture et sont hautement vulnérables à la hausse de prix prévue pour avril/mai, en raison d’une baisse de l’offre mais aussi des troubles socio politiques qui ont affecté la circulation des biens et services en décembre. 

Les suppositions additionnelles particulières à cette zone sont :

Que les récoltes de sorgho et d’haricot attendues en février et mars seront environ 30 % inférieures à la récolte espérée avant l’ouragan Tomas.
La baisse de la demande de poisson a fait diminuer le prix de poisson jusqu’à 60 % immédiatement après l’apparition du choléra. Avec les campagnes d’information on constate une reprise des activités de pêche et la consommation des fruits de mer [la pêche contribue de vingt à 25 % dans les revenus de ménages des zones côtières].

Entre mars et avril, on peut s’attendre à une intensification de la coupe de bois pour la production de charbon, une stratégie habituelle qui rend la zone encore plus fragile aux intempéries. Les pauvres et les très pauvres intensifieront aussi l’émigration, ces deux stratégies seront toutefois insuffisantes pour satisfaire les besoins alimentaires des plus démunis qui doivent faire face à la baisse de la production; des revenus de la pêche et à la hausse plus accentuée que d’habitude des prix des produits alimentaires. 

jeudi 3 février 2011

Les prix alimentaires atteignent un pic historique en janvier

Les prix alimentaires mondiaux ont atteint un pic historique en janvier, selon l'index des prix de la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, publié jeudi à Rome. Les prix ont augmenté de 3,4 % par rapport à décembre, pour atteindre 231 points sur l'index établi par la FAO, "le plus haut niveau depuis que la FAO a commencé à mesurer les prix alimentaires, en 1990", indique l'organisation onusienne.

Selon la FAO, l'ensemble des prix alimentaires ont enregistré une hausse importante, à l'exception de celui de la viande, qui est resté inchangé. "Ces prix élevés devraient se maintenir dans les mois qui viennent", ce qui est un sujet de "grave préoccupation, en particulier pour les pays à faibles revenus, qui risquent de rencontrer des problèmes pour financer leurs importations alimentaires et pour les foyers pauvres qui dépensent une large partie de leurs revenus dans la nourriture", a ajouté un économiste de la FAO.

La hausse des prix alimentaires, qui a débuté en août, fait craindre l'éclosion d'"émeutes de la faim", comme celles qui avaient éclaté en 2008 dans de nombreux pays africains, mais aussi en Haïti et aux Philippines, après que les cours des céréales eurent atteint des records historiques.

 AFP