mardi 31 mai 2011

La faim dans le monde, "catastrophe annoncée" d'ici 2050 si rien n'est fait


Pour nourrir les neuf milliards d'habitants de la planète en 2050, une réforme majeure du système alimentaire mondial s'impose alors que les récoltes de certaines régions sont menacées par le réchauffement climatique, a averti mardi l'organisation humanitaire Oxfam.
Si rien n'est fait, le prix de certaines denrées alimentaires comme le maïs aura plus que doublé d'ici 2030, frappant en premier les plus pauvres qui dépensent déjà jusqu'à 80% de leurs revenus pour se nourrir, selon le rapport de l'ONG britannique.
"Le système alimentaire ploie sous l'intense pression du changement climatique, de la dégradation écologique, de la croissance démographique, de la hausse des prix de l'énergie, de l'augmentation de la demande de viande et de produits laitiers, de la concurrence pour l'obtention de terres pour produire des biocarburants, de l'industrialisation et de l'urbanisation", selon le document.
Alors que plus de 900 millions de personnes sur une population mondiale de 6,9 milliards souffrent déjà de la faim aujourd'hui, le nombre des victimes pourrait s'accroître rapidement lorsque la "catastrophe annoncée" aura frappé d'ici 2050 avec un bond prévu de 70% de la demande de produits alimentaires, a estimé Oxfam.
"Notre capacité à augmenter la production alimentaire est en déclin et le taux moyen de croissance des rendements agricoles a diminué de près de moitié depuis 1990 et devrait continuer à diminuer pour atteindre moins de 1% dans la prochaine décennie", a averti le rapport intitulé "Cultiver un avenir meilleur".
Les récentes périodes de sécheresses et autres incidents climatiques dans le monde "laissent augurer d'une baisse de la production céréalière et donc d'une nouvelle hausse des prix agricoles", a noté Jean-Cyril Dagorn d'Oxfam France.
A l'approche du G20 agricole (à Paris les 22 et 23 juin), Oxfam a lancé un appel à "enrayer la spéculation sur les denrées agricoles et alimentaires et relever le défi alimentaire mondial".
Selon l'ONG la réforme du système alimentaire doit passer par davantage d'investissements dans l'agriculture paysanne et familiale, la valorisation des ressources naturelles, un meilleur accès aux marchés pour les petits exploitants, la lutte contre le gaspillage, d'eau notamment, et l'arrêt des subventions à la production de bio-carburants dans les pays riches.
Le rapport a également réclamé l'arrêt de la domination de quelques grandes multinationales sur le marché des matières premières agricoles et des semences.
Prenant l'exemple de l'Inde, Oxfam a rappelé que la croissance économique y a plus que doublé entre 1990 et 2005 mais que le nombre de personnes souffrant de la faim a augmenté de 65 millions. En effet, les populations pauvres en milieu rural restent exclues du développement économique.
En parallèle, l'engouement des Etats-Unis pour le bio-éthanol a conduit à utiliser 15% du maïs mondial pour en faire du carburant, même en période de forte crise alimentaire.
Et l'ONG de rappeler que la quantité de céréales nécessaires pour faire le plein d'éthanol d'un véhicule 4x4 peut nourrir une personne pendant un an.
AFP

jeudi 26 mai 2011

Apporter de l'eau potable à un demi-million de personnes supplémentaires au Niger



WASHINGTON, 20 mai 2011 – L’accès à l’eau potable et à l’assainissement pour tous les Nigériens, à un tarif acceptable va être renforcé avec le Projet Eau et Assainissement en Milieu Urbain (PEAMU) qui vient de bénéficier d’un crédit de 90 millions de dollars (45 milliards de francs CFA) de la Banque mondiale.


Un demi-million de personnes dans les villes de Niamey, Agadez, Arlit, Tahoua et dans 23 autres centres urbains secondaires auront un accès direct à l'eau courante avec l’ extension du réseau et l’augmentation des capacités de distribution et de stockage de l’eau ainsi qu’avec les connections domestiques et les bornes-fontaines publiques.. La construction de milliers d’ouvrages de collecte d'eaux usées permettra aussi d’offrir des services améliorés d’assainissement à 235.000 personnes dans les quartiers et à 60.000 élèves dans les écoles.


Selon Ousmane Diagana, Directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Niger« avec le PAEMU, le Niger va poursuivre ses efforts de reformes dans le sous-secteur de l’hydraulique urbaine pour un accès universel aux services de base pour tous, à un tarif acceptable fondé sur le recouvrement des coûts, avec une attention particulière pour les couches démunies qui ont toujours bénéficié d’un traitement particulier dans la politique tarifaire». 


Cette reforme est basée sur un cadre institutionnel approprié, avec des responsabilités clairement définies, garantissant la transparence et l’autonomie de gestion. M. Diagana a indiqué « que les succès du Niger dans le secteur de l’eau et de l’assainissement au Niger, sont le fruit d’un engagement politique fort du Gouvernement et d’un accompagnement soutenu des partenaires au développement».


« Avec ce nouveau crédit, la Banque mondiale aura injecté près de 148 millions de dollars (75 milliards FCFA) dans le secteur de l’eau et de l’assainissement au Niger en une décennie », a rappelé Matar Fall, chargé du programme au niveau de la Banque mondiale. Il a noté qu’un crédit similaire d’un montant de 30 milliards FCFA avait été accordé par l’IDA au Niger en 2001, pour le financement du Projet Sectoriel Eau.


On rappelle que ce crédit a été approuvé par le Conseil d’administration de la Banque mondiale le 26 avril 2011. L’accord permettant l’exécution du Projet a été signé le 12 mai dernier par M. Ousmane Diagana et M. Cissé Boubacar, Ministre d’Etat Ministre du Plan, de l’Aménagement du Territoire et du Développement Communautaire du Niger.



Contacts: 

À Washington: Aby Toure, (202) 473-8302, akonate@worldbank.org
A Niamey: Paul Dossou-Yovo (227) 735929, pdossouyovo@worldbank.org 




Providing access to safe drinking water to half a million additional people in Niger



WASHINGTON, May 20, 2011 – Universal access to safe water and sanitation in Niger at an acceptable rate will be enhanced with the Urban Water and Sanitation Project (UWSP) with a new US$90 million from the World Bank.


Half a million people in Niamey and in 23 other cities and secondary urban centers will gain direct access to piped water through the expansion of water production, storage and distribution capacities, and the installation of household water connections and public standpipes. The construction of thousands of wastewater facilities will also provide improved sanitation services to 295,000 people, including 60,000 students in schools.

According to Ousmane Diagana, World Bank Country Director for Niger, “with the UWSP, Niger will consolidate the achievements of the ongoing reform in the urban water sub-sector for universal access to basic services to all, at an acceptable tariff based on cost recovery, with particular attention to the poor strata which have always received a special treatment in tariff policy.”



This successful reform is based on an appropriate institutional framework with clearly defined responsibilities, based on the principles of transparency, accountability, and autonomy.

Mr. Diagana indicated that “the success story in the water and sanitation sector in Niger is the result of a strong political commitment of the Government and sustained support from development partners.”


“With this new credit, the World Bank financing in the water and sanitation sector will reach US$148 million in Niger in a decade,” said Matar Fall, the World Bank Task Team Leader. He noted that a similar credit in the amount of US$58 million had been granted by the International Development Association to Niger in 2001 to finance the Water Sector Project.


The Urban Water and Sanitation project was approved by the World Bank Board of Executive Directors on April 26, 2011, and the credit agreement was signed on May 12, 2011, by the Country Director for NigerMr. Diagana and Mr. Cissé BoubacarMinister of StateMinister for PlanningSpatial Planning and Community Development of Niger.

mercredi 25 mai 2011

Afrique : crise alimentaire, dictatures et nouveaux éléphants blancs


Cette interview est une retranscription de l’émission Afrik’Hebdo diffusée le 14 mai sur le premier programme de la chaîne de la radio publique belge RTBF |1|. Ce magazine d’information centré sur l’actualité en Afrique est présenté par Simone Reumont. A l’ occasion de la parution des chiffres de la dette 2011, Simone Reumont invitait André Zaleski |2| et Eric Toussaint afin de revenir sur l’accroissement de la pauvreté en Afrique, notamment en raison des crises alimentaires et financières qui ont frappé le continent.

Introduction de Simone Reumont : «  Autre problème pour les pays du Sud et l’Afrique en particulier, la Dette. Le Comité pour l’annulation de la Dette du Tiers Monde (CADTM) vient de publier ses derniers chiffres avec une analyse qui met en évidence les conséquences des dernières crises mondiales sur les populations du Sud. André Zaleski a rencontré Eric Toussaint cheville ouvrière du CADTM, il confirme d’abord à l’allure des statistiques les plus récentes un accroissement de la pauvreté en Afrique provoqué davantage par la crise alimentaire que par la crise économique telle que le Nord l’a connu. »
Eric Toussaint : Ce n’est pas la crise bancaire et les subprimes aux États-Unis qui affecte la population africaine : c’est la crise alimentaire. Mais en fait cette crise alimentaire est reliée à la crise financière. Les fonds de pension, les banquiers qui spéculaient sur le marché immobilier jusqu’à l’explosion, l’éclatement de la bulle immobilière aux États-Unis en 2007 ont déplacé les énormes montants sur lesquels ils jouaient vers le marché à terme des grains, c’est-à-dire le blé, le riz, le maïs. Là les prix ont explosé à cause de la spéculation et ça produit la crise alimentaire qui a des retombées très négatives en Afrique. Les effets sont dramatiques parce que 90% des Africains consacrent 80% de leurs revenus à acheter de quoi survivre. Il y a 100 millions d’affamés en plus sur les 3 dernières années à l’échelle de la planète et une grande partie d’entre eux ceux sont des Africains.
André Zaleski : Alors la pauvreté augmente, est ce que d’après vos derniers chiffres, la dette africaine augmente aussi ?
Eric Toussaint : La dette africaine non elle n’augmente pas de manière très importante et elle représente très peu de chose dans l’océan des dettes au niveau mondial. La dette publique de toute l’Afrique subsaharienne, c’est 134 milliards de dollars, et la dette publique de la Belgique en milliards de dollars c’est 500 milliards, c’est 4 fois la dette de toute l’Afrique subsaharienne. Mais pour les populations africaines ça implique des sacrifices terribles parce que bien que le montant soit très faible en regard des dettes mondiales, les intérêts qu’il faut payer et la fraction du capital qu’il faut rembourser constituent une ponction extrêmement importante sur les budgets des États. Pour un pays comme la République Démocratique du Congo, elle rembourse 500 millions de dollars bon an mal an pour la dette, c’est un montant très important en regard du budget de l’Etat et des besoins insatisfaits en matière de dépenses sociales.
A.Z. : Est-ce que les dictateurs africains sont aujourd’hui en voie de disparition ? Une des choses que vous avez toujours dénoncé avec le plus de virulence c’est ce qu’on peut appeler la dette odieuse, la dette qui était faite et qui ne servait pas du tout les intérêts de la population du pays. Est-ce que vous avez l’impression que cette tendance aujourd’hui est en diminution ?
E.T. : Des populations se débarrassent de dictateurs. En Afrique du Nord, les Tunisiens se sont débarrassés de Ben Ali le 14 Janvier, les Égyptiens de Moubarak un peu plus tard et ça donne à penser à beaucoup de gens en Afrique subsaharienne. Mais il faut reconnaître qu’il y a un nombre très important de potentats en place. Donc il y a une attente angoissée et une volonté de faire quelque chose dans une partie importante de la population africaine, notamment la jeunesse, qui voudrait bien avoir des chefs d’États qui changent réellement le cours des choses en Afrique. Ils regardent l’Afrique du Nord en se disant : « Mais si on a pu se débarrasser de tels régimes répressifs en Afrique du Nord, pourquoi ne pourrait-on pas en faire autant dans le reste de l’Afrique ? »
A.Z. : Toujours à partir de ce rapport 2011, vous continuez à trouver dans la politique africaine des « éléphants blancs », des projets pharaoniques qui n’ont pas lieu d’être, qui ne sont pas utiles ?
E.T. : Absolument, il faut savoir qu’il y a pour le moment un projet qui s’appelle « Big Inga », il faut savoir que près de 90% de la population congolaise n’a toujours pas accès à l’électricité mais le Congo est un gros producteur d’électricité. Et bien la Banque Mondiale soutient maintenant un projet d’extension d’Inga qui implique qu’on ira vendre de l’électricité, tenez-vous bien, à l’Italie à partir du barrage d’Inga. Le projet consistait jusqu’à l’éclatement de la crise en Libye à amener par des lignes à haute tension de l’électricité jusqu’en Libye et de passer de la Libye à l’Italie alors que la majorité des Congolais ont pas accès à l’électricité. Eh bien ça c’est un « éléphant blanc » typique qui ne sert absolument pas les intérêts de la population locale.
Eric ToussaintAndré ZaleskiSimone Reumont

Retranscription réalisée par Camille Lebouvier

Notes

|1| Ecoutez l’émission : http://www.rtbf.be/radio/player/lap...
|2| Journaliste à la radio RTBF

Un projet mondial en cours pour préserver la biodiversité de l’igname


La collection mondiale d’igname au Nigeria, véritable bouée de sauvetage de la diversité africaine de l’igname, dans le cadre d’une initiative visant à conserver les collections de cultures essentielles appuyée par le Fonds mondial pour la diversité des cultures.

BÉNIN (16 septembre 2010) — Les agriculteurs et les spécialistes des collections du monde entier ont lancé un nouvel effort ambitieux visant à ajouter quelque 3 000 spécimens d’ignames aux banques de gènes internationales, dans le but de préserver la diversité d’une culture consommée chaque jour par 60 millions de personnes dans la seule Afrique, selon une déclaration publiée aujourd’hui par le Fonds mondial pour la diversité des cultures (Global Crop Diversity Trust).

Dans presque tous les pays de la ceinture de l’igname en Afrique, un grand nombre de variétés d’ignames potentiellement importantes ne sont maintenues que dans les champs, où elles risquent d’être dévastées par des parasites ou des maladies, ainsi que par des évènements plus habituels, comme des incendies ou des inondations. C’est ainsi qu’un vaste incendie a récemment détruit une collection d’ignames au Togo. Des conflits civils sont également à l’origine de destructions de collections.

Les variétés d’ignames collectionnées dans les pays de l’Afrique de l’Ouest et centrale dans le cadre de ce projet sont envoyées à l’Institut international d’agriculture tropicale (IIAT) à Ibadan, au Nigeria, où des échantillons de leur tissu sont ensuite congelées à des températures ultra basses dans de l’azote liquide. Cette technique, connue sous le nom de cryoconservation, est la technique de stockage à long terme la plus sure existant actuellement. La majorité des cultures mondiales peuvent être conservées pendant de longues périodes en séchant les graines et en les stockant dans des conditions froides et sèches. Mais un nombre significatif de cultures, dont l’igname, ne peuvent être stockées aussi facilement, et doivent de ce fait être conservées comme matériau végétal dans des cultures de tissus.

Les agriculteurs de la ceinture de l’igname d’Afrique de l’Ouest, qui comprend le Nigeria, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Bénin et le Togo, produisent plus de 90 % des ignames cultivés dans le monde. Ce projet comportera néanmoins des variétés d’igname récoltées aux Philippines, au Vietnam, au Costa Rica, dans les Caraïbes et dans plusieurs pays du Pacifique. Il s’agit du premier effort mondial de conservation des variétés et cultivars d’igname. Il est financé avec le soutien de la Fondation des Nations unies et de la Fondation Bill et Melinda Gates.

« Cette possibilité de protéger une diversité incroyable de variétés d’igname nous permet de nous assurer que cette diversité propre à l’igname sera conservée et disponible pour les générations futures », a déclaré Alexandre Dansi, un spécialiste de l’igname à l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin.

Pour le Bénin, qui se trouve en plein centre de la ceinture de l’igname, cette plante fait partie intégrante de la culture et de la vie des communautés. On voit souvent ses grandes tubercules pouvant peser jusqu’à 70 kilos sur les marchés situés au bord des routes. Dansi a travaillé avec des producteurs pour cataloguer environ 250 types d’igname distincts et plus de 1 000 variétés connues et continuent à documenter des variétés supplémentaires avec la collaboration des agriculteurs. Ces derniers font état de la disparition de nombreuses variétés traditionnelles dans leurs zones de production, par suite d’une forte sensibilité aux organismes nuisibles et aux maladies, de la pauvreté ou de l’humidité des sols, des mauvaises herbes et des sécheresses, qui rendent leurs récoltes d’ignames moins productives ou plus chères à cultiver que d’autres cultures comme le manioc.

Dans le cadre des travaux de Dansi, le Bénin a déjà envoyé 847 échantillons d’igname à l’IITA, où les tubercules sont cultivées en champs et des coupes pratiquées pour être conservées en laboratoire dans le cadre d’un programme international de collection qui regroupe déjà près de 3 200 échantillons d’igname originaire d’Afrique de l’Ouest.

Des milliers d’années de culture ont donné naissance à une grande diversité de variétés d’igname dans les champs des agriculteurs, notamment en Afrique de l’Ouest. Dans certaines régions africaines, principalement au Bénin et au Nigeria, l’igname est encore domestiquée à partir de tubercules sauvages trouvées en forêt. Cette culture demeure très populaire chez les consommateurs, et les vendeurs en tirent un prix élevé sur les marchés urbains. Mais l’igname fait cependant l’objet de recherches insuffisantes, malgré son potentiel à sortir les agriculteurs de la pauvreté dans l’une des régions les plus pauvres au monde. Si l’on veut améliorer le sort de ses agriculteurs, il est donc impératif d’utiliser ces collections qui sont en train de se construire et d’identifier des caractéristiques importantes telles que la résistance aux maladies ou l’augmentation des rendements.

« Cela revient vraiment à mettre de l’argent en banque », a expliqué Cary Fowler, directrice générale du Fonds. « Toutes les cultures sont régulièrement sous la menace d’organismes nuisibles, de maladies ou de conditions climatiques changeantes, et la capacité d’un pays à cultiver de nouvelles variétés pour parer ces difficultés est directement lié à ce qu’il a en banque, non seulement en termes de moyens financiers, mais aussi de diversité des cultures. »

Ce projet sur l’igname s’inscrit dans le cadre d’un programme plus général concernant les principales cultures mondiales, dans lequel le Fonds mondial pour la diversité des cultures aide des partenaires dans 68 pays, dont 38 dans la seule région Afrique, à sauver et régénérer plus de 80 000 espèces de cultures en danger et à envoyer des clones dans les banques internationales de génomes et au Svalbard Global Seed Vault dans le Cercle arctique.

Pour l’igname, reproduite par la méthode de multiplication végétative, l’IITA offre la seule forme de conservation à long terme. Conserver cette culture nécessite d’extraire les tissus en laboratoire et de les congeler dans de l’azote liquide. Mais cette technique exige une recherche poussée et une équipe de techniciens spécialement formés. Or, la plupart des pays africains ne peuvent accorder une telle attention à leurs différentes variétés d’igname.

A l’IITA, l’ADN des spécimens provenant du monde entier est également analysé pour mieux comprendre la diversité génétique contenue dans les différentes récoltes. Mais il ne s’agit en rien d’un exercice purement académique. Il aide les gestionnaires de ces banques génétiques à ne pas devoir conserver trop de copies du même matériau. Il facilite également la recherche de gènes de valeur susceptibles de fournir les caractéristiques nécessaires pour répondre aux maladies ou aux changements climatiques.

« Ce projet est fascinant parce qu’il implique les techniques à la fois les plus traditionnelles et les plus avancées de conservation des cultures. Nous aimerions mettre en œuvre les meilleurs outils scientifiques pour assurer des siècles de culture de l’igname », a déclaré Dominique Dumet, directeur du GRC, le centre de ressources génétiques (Genetic Resources Center) à l’IITA.

L’IITA constitue également un lieu de stabilité et de sécurité pour les collections d’igname qui doivent parfois subir un stress inhabituel. Ainsi, la Côte d’Ivoire enverra 5050 échantillons d’igname à l’IITA pour permettre la conservation d’une collection qui, après les troubles civils de 2002, avait dû être transférée de Bouaké (dans le nord du pays) à Abidjan.

« Nous reconstituons notre collection, mais certaines variétés ont été perdues », a expliqué Amani Kouakou, scientifique au Centre national de recherche agronomique de Côte d’Ivoire. « Nous sommes heureux de pouvoir partager ce matériau avec l’IITA et de découvrir de nouveaux matériaux que nous n’avions jamais encore cultivés dans ce pays. »

Au Bénin, ce projet donne à Dansi l’occasion de travailler avec les agriculteurs pour tester et caractériser les matériaux, échanger des variétés et des techniques entre différentes régions de culture de l’igname du pays, et améliorer les granges de stockage communautaires pour conserver ces tubercules dans de bonnes conditions jusqu’à la prochaine saison de plantation.
« La sécurité dont nous disposons aujourd’hui est rassurante et nous permet de nous attacher à d’autres choses, comme le travail avec les agriculteurs pour améliorer les rendements », a-t-il ajouté. « Et de plus, nous pouvons désormais demander à l’IITA des variétés d’igname intéressantes provenant d’autres régions du monde que nous ne connaissions pas encore au Bénin. »

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La mission du Fonds mondial pour la diversité des récoltes (Global Crop Diversity Trust) consiste à assurer la conservation et la disponibilité de la diversité des cultures pour assurer la sécurité alimentaire dans le monde. Bien que cette diversité des cultures soit fondamentale pour lutter contre la faim et pour assurer l’avenir-même de l’agriculture, le financement n’est pas constant et la diversité se perd. Le Fonds est la seule organisation à travailler au niveau mondial pour résoudre ce problème, et a déjà collecté plus de 140 millions de dollars E.U. Pour de plus amples informations, veuillez consulter le site web www.croptrust.org.

A propos de l’IITA L’Afrique connaît des problèmes complexes qui affectent très gravement l’agriculture et la vie des habitants. Avec nos partenaires, nous développons des solutions agricoles pour lutter contre la faim et la pauvreté. Notre recherche pour le développement (R4D), récompensée à plusieurs reprises par des prix, est fondée sur une réflexion ciblée, qui fait autorité, ancrée sur les besoins de développement de l’Afrique subsaharienne. Nous travaillons avec nos partenaires en Afrique et au-delà pour réduire les risques pour les producteurs et les consommateurs, améliorer la qualité et le rendement des cultures, et créer de la richesse à partir de l’agriculture. L’IITA est une organisation internationale à but non lucratif fondée sur la recherche pour le développement fondée en 1967, dirigée par un Conseil d’administration et soutenue essentiellement par le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale, le CGIAR.

mardi 10 mai 2011

Un nouveau plan d’action pour les pays pauvres

La 4eme conférence des Nations unies sur les pays les moins avancés (PMA) s’est ouverte, lundi 9 mai 2011, à Istanbul en Turquie. Pendant cinq jours, cette conférence réunit les représentants de ces pays, des bailleurs de fonds et des organisations internationales. Avec pour objectif : définir un nouveau programme d’action de dix ans en faveur des PMA.
En 1971, lors de leur constitution, les pays les moins avancés en matière économique, sanitaire et scolaire étaient au nombre de 25. On compte aujourd’hui 48 PMA, dont 33 en Afrique, 14 en Asie plus Haïti dans les Caraïbes. Près de 900 millions de personnes vivent dans les PMA, soit 12% de la population mondiale. Il y a dix ans, la réunion de Bruxelles avait défini une stratégie pour ces pays les plus vulnérables de la planète. La communauté internationale réunie à Istanbul a une semaine pour tirer le bilan et définir un nouveau plan d’aide sur les dix prochaines années. 
Malgré une forte croissance économique  - 7% par an en moyenne -, la pauvreté a globalement augmenté dans les PMA ces dernières années. Les trois-quarts de la population vivent avec moins de deux dollars par jour. Dans ce contexte, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon,qui préside cette conférence, a fixé plusieurs priorités.

Volatilité des prix des produits de base 

Tout d’abord, le soutien à l’agriculture qui emploie 70% de la population. Cela passe par plus d’investissements mais aussi par la construction de marchés locaux pour stimuler la production, comme le souligne Serge Michailof, professeur à Science-Po Paris et spécialiste des questions de développement : « Le développement de l’agriculture n’est pas seulement un problème d’aide extérieure, c’est avant tout un problème de politique agricole. Il est très difficile de sortir de la situation actuelle où les pays dépendent d’exportations à bas prix qui viennent de pays occidentaux. L’aide à l’agriculture représentait près de 18% de l’aide internationale dans les années 1980. Aujourd’hui, elle représente moins de 4%. C’est un domaine abandonné par les pays riches, alors que les trois-quarts des pauvres vivent dans les campagnes ».

Deuxième priorité, selon Ban Ki-moon, la diversification des économies. Trop de PMA ont leurs économies basées sur l’agriculture et l’extraction minière. Peu sont parvenues à diversifier leurs activités, ce qui les rend hautement vulnérables aux fluctuations des prix des matières premières. Selon les derniers chiffres de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les prix alimentaires mondiaux ont battu en 2011 tous les records de hausse. L’indice de la FAO qui mesure chaque mois la variation des prix de 55 produits de base incluant céréales, huiles, produits laitiers, viandes et sucre a ainsi atteint 232 points en avril 2011. Un niveau au-dessus du record à 213 points atteint en juin 2008. Des augmentations très inquiétantes qui rappellent la situation d’il y a trois ans, lors de la crise alimentaire.

L’aide, un investissement avisé, selon Ban Ki-moon

Enfin, cette réunion à Istanbul devrait aborder la question des engagements  financiers promis par les pays riches et les fonds, effectivement décaissés ou non. A l’heure actuelle, moins de dix pays atteignent l’objectif de consacrer 0,15% de leur richesse nationale à l’aide aux PMA. Les montants actuels de l’aide aux PMA ont certes augmenté mais ils ne sont pas à la hauteur de l’aide promise comme l’explique Serge Michailof : « Il y a une promesse du G8 de 2009 de 20 milliards d’aide pour la sécurité alimentaire. Si l’on arrive à mobiliser 5 à 6 milliards dans les années à venir, ce serait déjà une somme conséquente. Le G20 de Pittsburg avait décidé d’un fonds qui devait être doté, en principe, de 900 millions. Les Américains qui s’étaient engagés à en verser la moitié, n’en ont décaissé que moins de 70 millions ».

C’est pourquoi le secrétaire général des Nations unies a annoncé que l’ONU allait mettre en place des mécanismes de contrôle de l’application des promesses d’aide faites par les pays donateurs. « Nous avons reçu des engagements très généreux dans le passé, mais tous n’ont pas été suivis d’effets. L’ONU va désormais contrôler les rapports de progrès et l’application des engagements », a expliqué Ban Ki-moon. Une aide qui n’est pas de la charité, mais un investissement avisé : « Investir dans les PMA peut fournir le stimulus qui va aider à pérenniser la reprise économique », a indiqué Ban Ki-moon. Et de citer notamment l’accroissement des capacités de production des PMA, le commerce, l’allègement de la dette, les investissements directs étrangers et les transferts de technologie.
Myriam Berber 

Pour en savoir plus :
L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
http://www.fao.org
Les Nations unies
http://www.un.org/fr/

samedi 7 mai 2011

La 4ème Conférence de l'ONU sur les PMA, le premier grand sommet sur le développement de la décennie


Les Pays les moins avancés (PMA) et leurs problèmes de développement retiendront l'attention de la communauté internationale du 9 au 13 mai à Istanbul, à l'occasion de la 4-ème Conférence des Nations-unies sur les PMA (PMA-IV), qui constitue le premier grand sommet international sur le développement de la décennie.
Toutes les dispositions ont été prises pour réussir ce rendez-vous décennal et permettre à une quarantaine de chefs d'État et de gouvernement, de parlementaires, de représentants du secteur privé, ainsi que de hauts responsables d'organisations internationales, de réfléchir à de nouvelles mesures et stratégies de développement durable en faveur des 48 PMA, dont 33 se trouvent en Afrique, 14 en Asie et un à Haïti dans l'hémisphère des Amériques.
Le but premier de cette conférence, dont les travaux seront sanctionnés par l'adoption d'un plan d'action 2011-2020 en faveur des PMA, est d'aider ces pays, qui sont les plus vulnérables de la planète sur le plan économique, à promouvoir leur autosuffisance, faire reculer la pauvreté et créer des emplois décents.
Ces pays, qui totalisent plus de 880 millions d'habitant, cherchent à obtenir du reste de la communauté internationale de nouvelles mesures leur permettant de construire et de développer les infrastructures dont ils ont besoin et d'ouvrir les marchés des économies développées devant leurs exportations pour atteindre ces objectifs.
Les PMA, une catégorie de pays créée en 1971, attendent également des pays développés qu'ils continuent à augmenter le volume de leur aide au développement, en la dirigeant vers la promotion et le développement des infrastructures, tout en mobilisant de nouveaux investissements.
Tous ces efforts ne pourraient aboutir sans une implication du secteur privé des pays développés, qui est fortement invité à investir dans les économies des PMA afin de créer de nouvelles richesses nécessaires à leur développement.
Les PMA, qui continuent d'occuper une place centrale dans l'agenda mondial pour le développement, sont appelés, pour leur part, à s'engager sérieusement sur la voie des réformes économiques, de gouvernance et de mobilisation de ressources au niveau national.
A cet effet, ils doivent mettre en valeur leurs ressources naturelles stratégiques (pétrole, métaux, minéraux et terres cultivables), leurs ressources humaines jeunes et leur pouvoir d'achat croissant.
Le rôle important du secteur privé dans le développement des PMA sera mis en valeur lors de la Conférence d'Istanbul à travers l'organisation d'une foire commerciale, d'un forum du secteur privé et d'un sommet des chefs d'entreprises sur les opportunités que présentent les PMA pour le monde des affaires.
Globalement, la PMA-IV se penchera sur les moyens de réaliser ces objectifs, essentiels et légitimes, et de lutter contre la marginalisation des PMA au sein de l'économie mondiale, en identifiant aussi bien les obstacles au développement de ces pays que leurs nouveaux challenges, et en partageant les pratiques et actions requises aux niveaux national et international pour les surmonter.
En travaillant pour réduire le fossé entre les pays développés et les économies émergentes, d'un côté, et les pays les plus pauvres, de l'autre, la communauté internationale se montre consciente des dangers graves qui pèsent sur la sécurité mondiale du fait des structures d'un monde à deux vitesses dans lequel vit l'humanité.
Le rôle des parlementaires dans les efforts internationaux visant le développement des PMA n'est pas en reste. L'Union Interparlementaire (UIP) organisera à Istanbul, un Forum avant l'ouverture officielle de la PMA-IV qui mettra la lumière sur des sujets importants en relation avec la thématique des PMA.
Ce volet parlementaire de la Conférence d'Istanbul a vocation à faciliter la contribution des parlementaires à tous les niveaux (national, régional et mondial) à l'élaboration du document final de la Conférence, encourager la participation des parlementaires à la Conférence elle-même et aux consultations parlementaires qui s'y tiennent.
Ce volet vise aussi à assurer la promotion du document final de la PMA-IV auprès des parlementaires et à les sensibiliser aux nouveaux engagements pris pour faciliter l'exécution du nouveau programme d'action en faveur des PMA pour la décennie 2011-2020.
MAP